voilà la la première question euh
c'est même de- depuis quand vous habitez à Orléans ? voyez je suis née dans le quartier des Halles à Orléans ? voilà pas le quartier des Halles à Paris vous savez où vous savez où y a le les Halles d'Orléans vous savez où y a l'église Saint Donatien alors attendez je vais juste en fait ne vous inquiétez pas je me rends compte que j'ai oublié de mettre en marche un petit appareil qui est juste un appareil de secours parce que si jamais y en a un qui tombe en panne c'est déjà arrivé y en a un qui tombe en panne on on était toujours euh embêté que euh que ça ç- ça a pas été enregistré donc je vais juste mettre ça à côté voilà oui pardon alors je je vous dis donc vous me disiez que j'ai une une vrai Orléanaise je suis née dans un quartier où qu' y a les hm vous savez où y a les la Place du Châtelet les Halles y a une église là oui je connais bien les Halles oui alors don- c'était une rue qui s'appelait la rue du Petit Puits et et y avait y a l'église après y a une porte qui était le presbytère et après j'habitais là au huit enfin je suis née là vous êtes née là voilà et c'était une toute petite rue on habitait dans le fond d'une cour parce que ma mère était de l'assistance et mon père euh euh revenait de de la de la guerre enfin de quatorze dix-huit et on était donc c'est ma euh toute mon enfance euh jusqu'à une quinzaine d'années ça a été ce quartier-là j- les petites rues autour je connais tout je ah oui et j'allais à l'école euh vous savez où y a le cinéma Pathé euh ah hein oui alors y avait une rue qui s'appelait la rue du Plat d'Etain oui et on a- j'ha- j'habitais euh j'a- j'allais à l'école là c'était une école privée j'ai pas été à l'école publique ma mère euh non elle avait pas voulu c'était un choix ? c'était un choix de de euh oui euh c'était un choix de vos parents ? de ma mère oui parce qu'elle était hm elle était croyante et puis euh elle était près du près du des religieuses parce que l'école où j'allais c'était pas d- des vraies religieuses mais c'était elles étaient comme ça euh elles enfin comment je vais vous dire avec cette mentalité et elles pouvaient pas faire ce qu'elles voulaient non plus c'était une sorte de euh de m- de comment comment que ça s'appelle congrégation ah oui d'accord voilà ce que je d'où je s- de viens voilà d'accord
et vos parents eux euh étaient nés aussi à Orléans ou mon euh hm m- mon père est non euh oui il etait n- il était Orléanais il était né à Ingré d'accord et ma mère étant de l'assistance publique euh elle a euh elle a été abandonnée à Paris dans le quatorzième arrondissement là je crois que c'est l- un endroit où on abandonnait les enfants à ce moment-là et euh en à euh quand ma y ils se sont mariés avec mon père ils ont fait des recherches ils ont jamais pu les retrouver je sais qu'elle a été abandonnée avec quatre autres enf- enfants ah là elle elle avait autour de quatre cinq ans et après ils se sont jamais retrouvés c'était en ben écoutez en dix-neuf cent puisqu'elle était née en dix-huit cent quatre-vingt seize quatre-vingt-dix-sept donc c'était au début du de siècle dernier ah oui du siècle dernier c'est vrai maintenant vous ah oui vous oui oui oui et et donc elle elle est venue sur Orléans après ou bah c'est-à-dire que mon père quand il a été dé- voilà ma m- euh ma euh mon père était ah était l'aîné de cinq enfants et leur père était mort très jeune et au lieu d'être partir au front il était considéré comme euh euh comme soutien de famille il a et il est donc il a donc été envoyé à Moulins dans une usine d'armement hein hm hm ma mère a été élevée par une euh une une vieille dame euh à euh dans l'Allier et elle aussi les femmes euh quand elle avait quoi euh dix-neuf ans dix-sept dix-huit il a fallu qu'elles aillent travailler à l'usine hm hm et c'est là qu'elle a rencontré mon père lui il était militaire euh et elle elle était à l'usine d'armement les femmes c'était que des femmes hein à l'époque hein hm voilà hm bah et ils se sont connus comme ça ben c'est bien et puis il l'a ramenée euh le quand le quand il a il a été démobilisé il l'a ramenée à Orléans voilà c'est comme ça que je suis née d'accord
et alors vous êtes restée dans dans ce logement-là euh non j- on est parti parce que mon père é- il a travaillé euh euh vous savez dans m- mou- y avait le magasin Dransard à Orléans oui euh et il travaillait chez le grand-père Dransard donc que j'ai connu moi d'ailleurs euh et puis i- il était euh bon il était chef de rayon je crois qu'ils étaient deux comme euh comme employés et puis l- bon ben il a essayé de ils avaient un petit peu fait des économies ils ont acheté une petite épicerie rue des Murlins et mon père est resté travailler et ma mère a a enfin a tenu l'épicerie jusque euh et puis et c'était en pont des Murlins et puis euh pendant la guerre mon père est mort il avait quarante-quatre ans hm et puis euh je suis restée bon on est resté avec ah oui puis j'ai j'avais une soeur hm euh quand lorsque j'avais treize ans elle elle avait onze ans et elle est décédée aussi ouais vous savez dans dans les familles dans le temps y avait beaucoup de de morts hm hm hm et puis bon bah la la guerre est venue les b- la mon père est mort pendant la guerre les bombardements sont venus et on a tout on a été tout détruit hein les bom- c'est les Américains vous savez après la guerre quand à au moment où ils ont fait les débarquements i- i- i- mitraillaient toutes les hm les lignes de chemin de fer et on oui les chemins de fer oui habitait euh la la la oui pas lo- pas loin de la ah ben nous on était euh comme euh comme au bout de la rue oh oui oui oui et puis on a y avait le champ ce qu'on appelle le champ de manoeuvre euh derrière hm hm c'était les militaires qui venaient faire des manoeuvres bon on a couru on courait on courait quand c'était comme ça et on était pas on était plus dans la maison toutes les deux mais quand on est revenu y avait euh y avait plus rien y avait plus de maison mais nous on é- on était vivant que au-dessus de chez moi y avait une j- une jeune femme qui était dans mes âges qui avait des enfants elle en attendait un autre avec son mari tous ils ont été tous tués ah ouais ça a é- ça a été pénible à ce moment-là hein oui j'imagine oui bon tout ça pour vous dire euh non mais je vis à Orléans oui oui c'est quand même euh vous avez vécu donc à Orléans euh à cette époque-là les bo- la la guerre les bombardements oh eh ben m- euh oui mais mais en n- en réalité m- les euh on avait eu un peu de bombardements à en en quarante quand les Allemands sont rentrés hm parce qu'on était parti à pied euh oh y a beaucoup de dames de mon âge qui vous diront ils sont part- on est parti à pied euh euh hm on a tout laissé derrière nous quand les Allemands sont rentrés hm hm on a fait l'exode moi je me suis retrouvée dans le Lot ah oui hm hm hm et puis ma mère pas et on s'est revu quatre cinq mois après parce que on s'était perdu hm mais elle elle a fait des recherches puis moi j'étais en âge aussi de euh faire des recherches voilà et et donc vous êtes revenues sur Orléans quand ? bah euh tout de suite ? euh euh oh bah euh six sept six mois après hm hm le temps que euh qu'elle me qu'elle mè- elle elle me retrouve euh moi que je hm d'accord retrouve euh donc euh c'était pas mais ça fait si- cinq six mois je m'en rappelle pas exactement hein voilà hm et et la la fin de la guerre à Orléans vous vous rappelez c'était un moment important pour bah c'est là qu'on a on a tout perdu hein hm hm on a été tout on a été bombardé partout hein à ce moment-là oui ah bah oui Orléans je sais je sais pas toutes les personnes que vous devez interroger qui sont euh d- qui ont connu cette période-là on on a é- hm euh hm là où y a La Poste maintenant c'était qu'un que des trous de bombes enfin ah ouais ouais la rue Royale était ils l'ont reconstruite dans le même style euh y a y a eu beaucoup de beaucoup de dégâts mais enfin pas tant que où quand les A- Américains sont débarqués parce que y a des villes en Normandie qui ont qui ont connu pire hein hm hm hm et et donc euh vous avez donc la maison était détruite hm donc vous avez dû trouver un autre logement euh dans le même quarti- non non parce que non pardon euh euh bon elle pouvait plus exercer son petit commerce d'abord ça faisait déjà deux ans qu'elle faisait rien parce qu'on trouvait pas de marchandises pendant la guerre et alors euh les sinistrés ont euh ils ont construit des bâtiments en bois euh sur le boulevard Alexandre Martin des logements en bois comment je vais vous dire euh vous savez où y a la hm la fontaine là oui et tout ce boulevard-là jusqu'au bout ils avaient fait des des baraquements en bois ah oui et ils nous ont ils z- ils logeaient les gens qui qui avaient pas de possibilité et après ils ont aban- ils ont alors moi je me suis mariée hein et puis euh m- ma mère euh après elle est allée habiter à Fleury parce que ils ont ils ont démonté ç- ça pour faire des euh enfin m- mettre la ville propre et là on leur a redonné des des bâtiments mais euh hm plus corrects hein puis après ben elle est allée et donc v- vous vous êtes mariée et vous avez été habiter avec votre mari ? oui et c- moi je me suis ma- c'est-à-dire j'étais mariée je me suis mariée euh pendant la guerre euh faut que je vous raconte comment euh je connaissais mon mari et il était dans euh il avait été appelé au service euh euh c'est pas le service militaire mais enfin les et il avait pas trouvé à hm à ne à à f- à partir à se cacher oui donc il est parti en Allemagne d'ailleurs euh nous on avait eu des ennuis parce que sa famille parce que les gendarmes venaient tout le temps le le relancer à l'époque c'était très dur et on avait un oncle qui était qui tra- qui était dans une mairie qui nous dit hein qui vient puis qui me dit euh si s- si si euh ils ont en ce moment ils il travaillait dans une usine en Allemagne hein ils ont des permissions pour se marier ah alors qu'est-ce qu'on a fait on a publié les bans en en même pas trois semaines hein quinze jours hm hm je ne sais pas s- même si je me serais mariée avec euh cet homme-là parce que euh c- à l'époque bon ben on se connaissait mais y avait pas de de mariage officiel hm alors on s'est marié et ben puis il est quand même resté là pour la nuit de noces le lendemain matin il est parti il a été il est parti quelqu'un le cet oncle lui avait trouvé un endroit pour euh pour se cacher oui pour se cacher voilà d'accord ah oui c'est une euh c'est une belle histoire oui bon puis après bah on il est rentré et puis voilà puis après et j'ai eu mes enfants donc et donc là vous êtes habi- vous avez à Fleury mon mari il habitait à Fleury à Fleury et il avait cet cet oncle et cette tante qui l'avaient élevé et ils avaient une petite maison y avait quatre pièces donc euh ils nous ont installés dans deux pièces et ils ont gardé deux autres pièces en attendant que vous savez tout de suite après la guerre hein hm hm hm euh les g- les logements ils couraient pas les rues hein non non c'est sûr ah oui oui oui et alors il é- il travaillait lui après la guerre ou votre mari ? oui il est rentré à la Sécurité Sociale il y était déjà avant mais euh oui oui et oui oui ils l'ont déjà avant il a repris euh repris il est rentré là quand il a eu son brevet qui allait avec sei- d- seize dix-sept ans à l'époque hein hm hm et il est rentré et puis quand il est revenu ils l'ont repris et et vous vous vous occupiez des enfants ou euh n- vous avez eu une vie de femme au foyer plutôt ou de oui ah oui oh oui oui b- bien obligée j'ai eu euh mon fils aîné qui est décédé l- euh y a euh j'ai eu quatre enfants j'ai mis au monde une petite fille qui a pas vécu ça fait cinq et puis j'ai eu z- tren- enfin ça je sais pas si faut le marquer j'ai eu trois curretage euh trois ah oui ça j'aimerais mieux pas qu'on le marque non non ça vous euh vous avez le droit mais oui une v- une vie remplie bah oui huit fois en onze ans enceinte c'était la la vie des femmes de cette époque-là on pouvait pas travailler bah oui oui fallait l'accord du mari hm hm euh f- puis lui bah il devait se rebuter aussi d'avoir une femme qui qui faisait des gosses et puis qui était à la maison enfin bref euh v- voilà donc j'ai élevé j'ai élevé mes enfants et puis soixante euh soixante euh huit soixante-dix est arrivé et comme j'avais quand je pense que j'étais déjà assez révoltée donc j'ai fait j'ai march- euh j'étais euh je connaissais quelqu'un qui était au MLF euh je me suis inscrite j'ai j'ai enfin j'ai p- après je suis rentrée dans l- dans celle vie-là vous savez hm hm on avait on avait tellement été euh humilié parce que nous les femmes de l'époque euh on était des pondeuses en réalité hein c'était alors euh on quand on prenait un peu conscience de notre euh pas d'argent oui et non on pouvait même pas ah pardon pardon on peut même pas avoir un compte euh un compte s- pè- euh en banque on avait pas le droit hein oui oui oui oui non non et quand euh euh quand vous vous disiez quand on a pris conscience euh euh qu'est-ce qui faisait que vous avez pris conscience ? alors j'avais j'avais une euh vous savez qu'à l'époque euh hm bah c'est-à-dire que les Américains étaient là hm et on en avait dans le quartier à Fleury d'ailleurs ils avaient y avait une maison du grand-père il il habitait dedans et je m'étais liée avec euh euh cette femme euh ce cette femme américaine qui habitait à côté et qui était euh enfin qui euh enfin qui était solidaire hein puis elle hm hm quand elle hm pouvait on on parlait puis je voyais bien comment qu'elle vivait euh et elle elle elle euh elle è- elle elle parlait un peu français hein oui et elle avait ses enfants elle a son mari il était il était officier hm hm hm et bon ben a- après alors euh vou- à l'époque euh Laurel et Hardy vous savez ce que c'est ce oui oui oui oui il est il a paru en français d'accord et alors moi j'en ai j'ai acheté parce que de voir la vie de ces Américains à côté et ça c- c'est fou ce que ça m'a ouvert l'esprit d'accord sur ce que les gens en Amérique ils vivaient et ils vous savez ça et puis nous c'est pareil nous les femmes on on commençait à à remuer un peu hein puis c'est là que j'ai connu Micheline euh f- en on a madame NPERS on a fait les manif- à Paris on a fait un tas de trucs ah oui t- tout de suite là vous avez euh oui vous avez milité ah bah on a suivi le mouvement m- et puis après euh euh je me suis j'ai bah j'étais je me j'ai laissé le MLF parce que ce groupement vous savez euh c'était pas ça correspondait pas mais je je me suis j'ai été au mouvement Choisir tout de suite hein Gisèle Halimi à l'époque euh hm hm hm hm hm oui oui c'était formidable euh les week-ends et tout et mon mon euh mon euh hm mon ménage euh mon mari déjà euh ça allait pas il avait une une amie une personne beaucoup plus jeune que lui et bon ben c'est tout tout s'en allait un peu hm hm à la hein c'est et je oui oui ne pouvais pas je voulais j'a- à la limite j'aurais voulu partir oui euh mes mes enfants y en a ils étaient encore euh euh j'en ma fille était pr- petite elle avait huit ans tandis que mes garçons étaient déjà au collège hein ils étaient d'accord donc euh leur père a euh leur permettait déjà d'a- d'aller au collège hein de de pas être euh c'ét- ça me retenait aussi parce que moi si j'étais partie je pouvais pas moi là j'avais pas de travail j'avais rien ma f- bah oui pas de travail oui oui oui oui vous aviez arrêté l'école euh à qu- ah moi j'ai arrêté à à treize ans oui c'est ça oui oui oui treize ans troisième quatorze ans j'ai mon certificat d'études c'est tout et donc là oui pas de travail et donc euh ç- ça aurait été compliqué bah euh de alors oui et non parce que quand euh quand j'ai quand j'ai commencé à militer à Choisir je me suis ou- ouverte euh et j'ai euh bon on a d- un tas de relations vous savez et j'ai trouvé une euh une femme euh qui qui était qui travaillait à à l'Assedic à l'époque hm c'était euh hm par la mairie par l'As- l'Assedic elle était c'était pas important comme maintenant et elle avait dans l- elle elle avait dans son petit groupe euh une femme qui allait avoir un enfant qui donnait qui avait prenait son congé et elle a au cours de d'une conver- des enfin on se ren- on se voyait c- elle savait qui j'étais elle m'a proposé de venir euh classer des papiers enfin fé- donc euh à l'Assedic euh j'ai vu le directeur il a accepté à l'époque ils étaient hm c'était moins dur que maintenant hm hm hm oui par connaissance comme ça vous avez pu trouver ah oui oui puis même euh euh j'avais euh j- maintenant j- même euh avec mon instruction et tout ça j'avais p- j'aurais même pas la possibilité de rentrer dans mais ça a été euh ça a été par connaissan- alors je suis restée là et puis et puis j'ai travaillé d'accord et puis j'ai bon à ce moment-là j'aurais voulu partir parce qu'on habitait dans une maison qui appartenait à mes beaux parents donc moi je fallait que je parte si c'était le le euh toujours sur Fleury ah ah oui j'étais à Fleury oui ouais et j'ai j- j'avais cherché à louer quelque chose mais aucune aucun endroit a- a- agence me vous l- louer à une femme euh hm hm non il fallait l'autorisation du mari ah oui ah oui à l'époque puis j'avais pas de compte en banque c'est pareil je ma mon mon salaire euh à l'époque ils nous le donnaient encore en en liquide et là votre mari était d'accord pour vous travailliez où il fallait son autorisation ou non bah ça a été dur au début mais vous savez il rentrait de moins en moins souvent la situation oui vous étiez finalement hein ça ça c'est dé- mais il l'a eue plusieu- plusieurs années ça a duré hein et donc finalement vous vous avez bah je me suis mise à travailler et pas moyen d'avoir un logement alors euh euh à l'Assedic euh vous savez ça a été les les premières années où ils versaient les les em- les employeurs ils versaient le un pour cent euh hm pour la reconstruction hm hm donc ils avaient acheté des hm i- i- i- i- ils avaient ils ver- enfin l'Assedic versait un pour cent mais elle avait droit dans les r- la reconstruction de de priorité pour acheter des appartements donc euh je suis allée voir le directeur puis je lui ai expliqué et il m'a il m'a donc lui il m'a donné un appart- enfin à louer un appartement comme ça je pouvais je passais pas par une agence euh je passais pas donc j'ai pris ce logement je l'ai mais je l'ai pas habité tout de suite je l'ai eu à peu près un an euh et puis hm euh un beau jour ben je je suis partie on s'est mis d'accord je suis partie hein mais donc vous êtes partie vivre seule ? avec ma fille parce que les garçons étaient avec vo- oui déjà j'en avais avec votre fille un le dernier était était en hm en République centre-africaine euh il faisait son service euh militaire les deux autres euh y en a un qui était euh qui était objecteur de conscience et puis il l'a fait chez les Emmaüs et bah puis mon fils aîné qui a euh qui était déjà qui avait plus besoin de moi il était plus à la maison
et alors ils ont fait quoi comme euh comme travail par la suite euh vos vos enfants ? alors mon mon fils aîné il a été cadre à la GMF hm euh mon deuxième fils alors lui celui qui habite en en en c- c- en Seine à Melun je crois hm d'accord eh bien il a fait un tas d- un tas d- un tas de boulots il avait vous savez il a il avait fait les deux ans au lieu de faire son service militaire il a fait deux ans aux Emmaüs donc euh d'accord bon puis après il a il a tourné un peu il ça a pas été facile pour lui ni pour moi parce que ah il avait dix-huit ans il a fait un gosse à une fille de quin- de quinze seize ans ah oui seize ans donc il a fallu les marier ils ont eu une petite fille et ah oui et puis alors mon troisième fils qui habite par ici il est rentré euh apprenti chez un géomètre qui habite par ici d'ailleurs qui est décédé et bon ben il a continué son il a fait son métier de travailler chez un géomètre pendant un nombre d'années pendant longtemps et puis monsieur c'est monsieur NPERS est décédé alors après il avait plus de travail et à l'époque au lieu de se mettre en chômage euh on leur on leur offrait une euh ils pouvaient prendre euh euh le hm comment dire une indemnité ils ils et on les avait ah oui pas le chômage hm hm hm hm hm oh il a préféré prendre une indemnité et puis il s'est mis à son compte il a mis il s'est mis euh enfin dans la il vend il vend des des portes et des fenêtres comme ça d'accord euh il ça fait v- plus de vingt ans qu'il y est vingt-cinq ans et hm il a commencé il a fait il a il a fait il avait un petit secteur à faire et puis bon ben il a fini qu'il a un très très grand secteur hm hm et il est monté petit à petit avec cet argent-là sa femme travaillait parce qu'il s'est marié à l'usine et ils ils ont ils se sont bien organisés lui il a été pendant un an il faisait même pas d- euh même pas de sa nourriture à lui hein hm hm par payer ses frais de ah oui bon c'était des années difficiles hein mais hm hm hm euh par rapport à maintenant on pouvait faire quelque chose on pouvait se débrouiller c'est ça hm hm hm et bah puis ma et fille eh ben ma fille euh elle elle euh bon elle a été au ly- au lycée et puis après ben elle a cherché à travailler elle est rentrée euh à l'Assedic son père l'a l'a fait ren- non pas à l'Assedic à la Sécu- son parce que hm s- euh son son père euh était chef de personnel à la à la caisse puis voilà elle y est et puis elle y est encore elle a cinquante euh trois ans et et alors c'est c'est c'est important pour vous le le métier qu'ils qu'ils choisissaient ou euh ? moi je euh oui ou pas ou vous aviez d'autres envies enfin vous auriez euh euh euh moi j'aurais euh oui parce que moi j'avais connu une vie très très d- et alors y autre chose que j- faut que je vous dise c'est que j'ai toujours fait de la musique d'ac- quand j'étais enfant euh en ville là mon père m'avait inscrite au conservatoire parce que c'était très très peu cher hm hm donc j'ai fait un nombre d'années de euh de conservatoire et la guerre est arrivée donc euh on on pouvait plus travailler on on et et et vous faisiez euh quel instrument ? euh violon et là main- l- après j'ai fait violon et alto j'ai fait les deux ah oui euh don- et ça vous avez vous avez continué tout le temps à faire de la musique ? euh non euh quand pour l- le temps que j'ai élevé mes enfants j'ai pas j'ai j'ai pas continué parce que dans la famille où j'étais de mon mari ça aurait été ça aurait été un quelque chose de euh de honteux hm hm mais moi au fond de moi j'aurais aimé que mes enfants ils aient une autre vie plus plus créatrice plus euh alors c'était pas possible et puis m- et c'est vrai parce qu'ils s- ils sont ni les uns ni les autres ils ont le goût ah oui ma fille un peu de la musique bon elle s'est mis à dans un à jouer de la de la clarinette dans une euh à Saint-Jean-le-Blanc là mais mes garçons tout seuls euh ni la peinture ni la musique et et moi ça aurait été mon rêve et alors que pour vous pour vous c'est c'est important ? oui très ah ah oui oui ah oui parce que même maintenant je j'ai fait de la musique bon j'ai j'ai repris euh quand mes enfants ils ont ils avaient plus enfin plus besoin de moi je me suis trouvée à la retraite bon j'ai euh j'ai f- je faisais partie de l'orchestre l'orchestre symphonique euh euh qui s'appelle euh les Violons d'Ingres c'était de l'orch- un orchestre classique hein hm hm hm et puis j'ai j'y s- j'y suis allée jusqu'à presque quatre-vingt ans mais j'ai abandonné j'ai arrêté parce que j'avais perdu euh hm euh hm hm j- j- je je baissais en niveau j'arrivais plus du tout j'av- je pouvais plus travailler enfin vous savez quand on commence à baiss- on plafonne puis après on baisse hein et puis dans l'orchestre où j'étais on était soixante et moi j'étais là à l'origine de la création de cet orchestre donc on avait une certaine euh ambiance une ma- certaine mentalité et au fur et à mesure pendant vingt ans euh les personnes hein qui sont parties d'autres qui ont décédé ça a été remplacé au fur et à mesure par des par des jeunes qui sortaient souvent du conservatoire donc qui hm hm puis nous bah on on était on n'avait pas de euh bon notre niveau il baissait plutôt que de monter bon ça allait plus quand on est vieux faut bah puis on faisait des concerts à l'extérieur donc euh euh des fois on partait le matin quatre heures euh on rentrait la nuit d'après euh c'ét- c'était dur hein quand on va faire des ah oui concerts euh puis d- pas toujours dans des conditions c'était plus de mon âge et et v- et vous pensez qu'y a un lien entre votre je veux dire votre côté militante et et et la musique la création comme ça votre goût pour euh ? euh oui oui ah oui oui ah oui de toute façon oui je oui oui je moi je pense hein c'est un c'est-à-dire ça c'est la liberté d'esprit qui vous donne euh le le c'est cela on a un sens de la liberté qui est qu'on avait qu'on a pas même euh les gens qui sont autour de moi qui qui font ni peinture ni musique c'est déjà t- il leur manque je moi j'ai l'impression qu'il leur manque quelque chose il leur manque de de s'ouvrir à autre chose on peut très bien être euh très grand mathématicien puis aimer ch- de la musique hein ah oui oui ça et alors là vous avez l'impression que c'est des choses qui ont évolué dans dans la société par exemple qu'on est moins moins ouvert moins créatif maintenant bah moi je pense que non je pense que euh ça euh euh ça évolue dans un autre sens euh euh c- les jeunes enfin les gens plus jeunes maitenant ont ont moi je trouve qu'ils font autant de musique et euh tout mais euh c'est plus la même euh enfin hm hm c'est plus le même pratique hein c'est OK alors a- parce que a- a- av- avant qu'on euh qu'on qu'on parte vers euh les activités euh artistiques euh comme ça vous me disiez que vous étiez partie euh habiter avec votre fille euh là vous avez déménagé oui j'ai eu un logement oui logement et vous êtes restée euh longtemps dans ce logement ? euh oui je suis restée six sept ans et puis après bon ben je me suis trouvée à la retraite parce que c'est oh oui je suis restée plus de sept ans et bon ben je suis partie vivre un peu à Saint-Benoît-sur-Loire hm parce que je voulais aller vivre un peu à à la à la campagne non j'y allais déjà avant de prendre ma retraite parce que le matin j'allais en vi- à Orléans travailler je rentrais le soir et puis finalement c'était pas un bon choix parce que euh valait mieux euh à la c'est pas franchement la campagne mais enfin j'étais pas je suis une fille de ville hein ça y a pas et alors ça une fille de ville euh ça veut ça veut dire quoi ça veut dire que vous avez besoin de de de ben j- n- moi je j'aime la ville j'aime euh les gens j'aime euh la hm hm je préfère ça hein et dans dans la ville c'est les les les magasins plutôt n- non oh n- n- n- non moi je pense que c'est par exemple euh j'aimais assez les c- aller au café prendre euh des une consommation euh j'avais c- enfin c'est pas le les magasins on a enfin j'a- j'avais mes habitudes mais c'est tout hein c'est hm hm ou les euh
les cinémas le théâtre euh non ça vous avez ah oui bah oui naturellement cinéma le théâtre hein beaucoup c- d'ailleurs à une certaine époque euh euh ils avaient recruté c'est c'est avant la guerre ça j'avais pas vingt ans c'est euh ils avaient au théâtre ils recrutaient des musiciens pour faire un peu de figuration alors j'avais au théâtre d'Orléans j'avais fait un peu de figuration bah oui d'ailleurs j'ai gardé j'ai gardé des relations avec une personne qui avait fait du hm de la figuration un jour et on se rencontre des fois à Orléans hein s- et on est tout content de se revoir et pourtant on n'a pas vécu dans le même milieu de rien du tout alors c'est en-
donc vous avez été beaucoup au au théâtre à Orléans ou bah ah vous savez euh y y a aussi que j- du fait que j'avais m- enfin le temps que j'avais mes enfants à la maison euh on avait pas trop d'argent hein hm hm hm bah puis pas de moyen de transport et pas de moyen de transport hein moi j'allais travailler à Orléans à vélo de Fleury ah oui parce que l'Assedic était à Orléans hm et alors on on peut pas on on est moins libre hein hm bah bien sûr après vous avez donc euh euh à la retraite vous êtes euh partie quelques années et après vous êtes revenue à Orléans dans ce logement-ci oui ici non n- ah non non non oh non y a oh non non j'ai emmené en ville j'ai trouvé un logement euh dans la rue du Boeuf Saint-Paterne et j'y suis restée neuf ans et y a eu un divorce le propriétaire il a et ça a été c'est rentré dans la ce que j'appelle la corbeille de dis- divorce à la femme et la femme elle a è- elle a pas poursuivi la location alors je suis partie ah ça pour déménager je déménage je suis partie euh euh par en face l'hôpital de la Madeleine euh y a une résidence qui s'appelle la résidence du square des Carmes elle elle est pas en bordure de euh de euh et alors è- elle c'ét- c'était en c'était en deux mille elle était euh hm en construction et j'avais une personne que je connaissais qui achetait un appartement là puis elle m'a dit vous devriez essayer d'en a- d'en louer un puis j'en ai loué un je suis restée je suis restée n- neuf ans et puis y a deux ans ben la folie m'a pris de de déménager ah oui parce que rue Porte Madeleine euh j- rue des Carmes et tout ça je s- hm j'étais pas à l'aise hein la nature me manquait euh les hm et donc euh ici vous vous y sentez euh oh ben ici c'est hm je voulais pas aller en maison de retraite donc il fallait quand j'ai vu que les années les années avançaient je me suis dit faut que je me trouve une euh un endroit où je me plaise et puis parce que là-bas rue Porte Madeleine à l'intérieur c'est c'est enfin y a quelques c'est un petit espace vert euh le l'i- l'immeuble il est en en en U comme ça et on voit pas la rue on voit on voit que le le petit espace vert et et je commençais à m'ennuyer hein le et alors
euh ju- justement qu- quelles sont vos occupations ici euh de ici oui ah ben ici ben je m'occupe de moi non non euh euh je fais de la peinture vous faites de la peinture beaucoup de peinture ? euh ben je peins je peins toute la journée oui je vais j'ai fré- je fréquente un atelier de peinture donc vous faites quoi peinture à l'huile ou ben vous avez ça derrière oui oui je l'ai vu c'est c'est de l'acrylique beau c'est c'est de l'acry- c'est de l'acrylique ? l'acrylique oui oui tout tout ce qui est ici c'est vous ? ah bah oui c'est Mona c'est Lisa ah oui donc vous avez euh vous vous avez une très bonne technique euh aussi alors à quatre-vingt ans quand j'ai laissé la musique je me suis dit oh là là il faut que je je vais me couper du monde j'avais peur hein donc je me suis dit je vais me mettre à faire de la peinture j'avais y avait un atelier de d'aquarelle euh fau- à l'entrée du faubourg Madeleine j'y suis allée j'y suis allée pendant quatre ans et puis l'aquarelle ça me ça me plaisait pas du tout je faisais r- hm puis je me s- je pouvais pas me mettre à l'huile parce que j'ai j'ai été opérée d'un poumon et tout ce qui est émanation d'huile et tout ça ah oui je je peux pas le le tabac tout ça je peux pas le d'ailleurs vous voyez bien j'ai la voix complètement cassée et alors je me suis mise à l'acrylique parce que c'est de la peinture à l'eau hm hm hm puis voilà j'ai fait donc c'est ce que vous faites euh beaucoup de bah c'est je fais que ça euh le mais euh j'en fait pas euh un hm comment je vais vous dire des fois j'aimais bien en faire pendant quatre heures mais en général j'en fais une heure ou deux c'est ma di- c'est ma distraction hein c'est hm hm c- et vous vous faites des des expositions euh en- bah c'est-à-dire que tout là celle-ci là j'avais eu pour le euh euh euh là c'était un ref- dans les reflets on avait comme thème on avait la v- euh euh la ville et moi j'ai pris une euh vous voyez des une rue des pavés et puis euh c'est des monuments qui reflètent hm hm hm alors là j'ai eu le l'encouragement du du jury pour ça ah bah c'est euh j'avoue que moi je suis pas un expert mais je trouve que celui-là est est est particulièrement beau oui ben je pense que c'était le l'idée originale qui qui les avait l'idée la composition euh oui alors ça c'est hm de hm une composition personnelle tandis que là c'est une carte postale que j'avais trouvé que vous avez reproduite que j'ai reproduite alors ça c'est une euh une affiche euh que qui est apparue sur Télérama c'était un affiche pour annoncer un un film algérien ah alors ça m'avait plu j'ai fait le et puis les vases alors ça c'est ma c'est euh mon côté euh créatrice qui sont pas finis d'ailleurs parce que j'ai là je voudrais mettre euh le dernier je voudrais mettre des paillettes d'or col- coller des petites paillettes pour que ça a- ah oui ouais qu'on puisse et puis voilà et et en en j'allais dire en tant que que spectatrice euh vous aimez bien quel type de de de peintre euh sinon vous vous avez fait des des expositions des fois où y a des peintres euh ah ah célèbres euh qui vous ont marqué plus que d'autres ou ce qui vous intéresse vous c'est de créer vos ah non non non je pense que j'ai ça me plaît j'ai envie et puis c'est un sujet que je choisis euh euh je je ne s- euh je enfin j- j'aurais quand même plus vers les impressionnistes ou euh euh enfin c- sain- s- mieux que la la peinture euh euh trop classique euh c'est d'ailleurs je saurais pas faire je c'est parce que je sais pas dessiner donc j- mon problème il est là puis je pourrais pas puis maintenant je tremble ah alors euh je là j'avais essayé de faire un petit parce que j'ai des arrières petits-enfants quand ils viennent au monde je leur fait des petits tableaux et hm là j'ai essayé d'en faire un mais j'arrive bi- le le nez la bouche tout ça je je tremble de trop j'ai j'ai trop de difficultés ça ça me ça c- quand je m'en suis aperçue ça m'a foutu le cafard hein ah oui c'est je me suis dit j'ai plus que ça et et que je vais être euh hm j'ai laissé ma voiture je conduis plus depuis un nombre d'années enfin depuis trois ans euh bon la l- comment je vais vous dire hm euh je je voyage plus hm hm j'avais une petite euh une un petit a- d'ailleurs madame NPERS elle elle elle y est venue j'avais acheté un terrain et puis j'avais fait mettre un petit abri de week-end en bord de la mer et je l'ai eu vingt-sept ans et là j'étais obligée de le vendre parce que d'abord il avait pas une valeur et en plus de ça la toiture commence à s'abîmer et les deux dernières années on a était cambriolé ah oui donc euh moi j'avais plus les moyens c'était à quatre cents kilomètres d'ici hm hm j'avais plus les moyens ni la la poss- la force d'y d'y aller puis je voulais pas engager la des frais euh bon donc j'étais obligée de m'en défaire donc je vais je vais plus en vacances je voyage plus oui donc la peinture c'est important de de de pouvoir faire encore bien sûr exactement la peinture et puis ici ça va parce que y a des espaces verts autour de hm hm je peux facilement me déplacer avec le tram et oui oui c'est vrai qu'y a la c'est une autre vie nous les personnes âgées c'est une autre vie pour nous hein hm hm bien sûr oui oui et et euh la t-
la télévision la radio euh vous vous alors la télé- je la regarde le soir j'en j'ai une télé- là puis une télé- j'ai deux télé- dans m- dans le placard et une dans ma chambre pas très grande euh je suis pas une mordue de télé- le s- je ne sais pas dîner toute seule déjeuner ça va mais dîner faut que je dîne là devant ma télé- mais ce qu'y a c'est que je j'ai acheté des ordinateurs donc euh je me je vais beaucoup chez bon j'ai acheté mon premier ordinateur y a dix ans ah oui alors ça ç- j'a- j'avoue que euh pour pour tout vous oui pour tout vous avouer j'étais assez surpris euh euh quand madame NPERS m'a m'a donné vos coordonnées elle m'avait donné votre numéro de téléphone et votre adresse internet hm et euh donc là je vois qu' y a un y a un ordinateur donc vous ça ah ben j'en ai un là celui-ci c'est une un portable que j'ai eu pendant sept ans puisque j'étais obligée de changer la la batterie là parce qu'elle avait fait sept ans je je suis sur Mac hein parce que d'accord et puis j'ai acheté un iMac euh qui est dans qui est là je vous le ferai voir si vous voulez ah oui donc euh là avec un écran un écran assez grand et là l'ordinateur c'est ah c'est important pour moi j- c- c'est important c'est important dans le sens où bon y a les mails y a je me suis mise sur Skype euh pour que on on puisse un peu faire euh enfin de la de la vidéo et hm mais c'est surtout sur un sur le web hein sur internet c'est ma vie ah oui c'est comme si j'avais quelqu'un euh une idée n'importe quoi je j'ai quelque chose en face moi qui répond hm hm là je j'avais planté de la verveine hein dans mon ce matin je me suis dit tiens mais qu'est-ce que je pourrais faire avec cette verveine ? bon ben je suis allée voir sur l'ordinateur ce qu'on fait avec de la verveine euh ça et puis bah j'ai fait ma déclaration de revenus y a pas longtemps y a deux jours sur euh sur ordinateur mais et mais le reste euh ça m'intéresse pas trop sur l'ordinateur d'abord je suis je fais pas de photos très peu j'en fais mais pas donc euh ceux qui font de la photo ils ont besoin d'un logiciel de retouche euh mais moi je suis pas une mordue de photos mais moi je crois que je sais pas très bien les faire mais qu'est-ce que je fais encore sur l'ordinateur j'en sais rien oui oui beaucoup de choses quoi bah euh tout la la la peinture ou là j'achète un magazine y a euh un un un la moindre euh le moindre euh euh site à à à voir hein je me suis par exemple je me suis f- pardon je me suis inscite sur Facebook ah oui non mais vous êtes vous non mais faudra que je vous dise pouquoi je l'ai fait vous avez une vie euh avec l'ordinateur qui bah c'est-à-dire que depuis dix ans que j'ai dé- c'est mon troisième ordinateur là que j'ai acheté euh en dix ans de temps je me suis familiarisée quand même hein oui oh oui mais c- et j'avais c'est pas tout le monde hein j'avais perdu de vue un de mes petits-fils qui est qui s'était pas entendu avec son père et qui avait un petit peu pris la tangente puis j'avais pas de nouvelles depuis un certain temps et j'ai un autre de mes petits-fils alors que c'est le fils de de mon fils qui habite ici qui me dit mais tu sais euh euh j'ai eu des nouvelles de Jérémie j'ai vu sur Face- Facebook euh et j'ai j'ai des contacts avec alors je dis bah tu sais pas je vais moi j'aurais bien voulu ce gamin enfin qui a qui a trente ans maintenant j'aurais bien voulu quand même c'est des gosses que j'ai bien aimé mais les parents étaient tellement enfin je peux pas dire le gros mot tellement bêtes ils ils ont rien f- f- fait pour protéger leurs leurs mômes et puis alors j'ai j'ai en effet j'ai vu qu'il était j'ai envoyé un un mail et je lui je lui deman- je lui demandais si si c'était s'il s'appelait euh tel nom et s'il était le cousin de Florent NPERS et puis j'ai signé euh mon n- nom alors et puis oh deux heures après j'avais eu une réponse ah oui ça a dû vous faire plaisir ça oui ah j'étais folle de joie hein ah oui oui et puis bon ben depuis on on on s'est mis sur Facebook mais je m'en sers pas beaucoup de Facebook hein et puis bon ils ont eu une petite fille enfin ils sont venus ils habitent pas dans le ici ils habitent euh à Troyes ils sont ils sont venus ici déjeuner enfin je les vois hein ah oui donc c'est et ça c'est grâce à internet et j'ai retrouvé ah ah oui hm parce que j'en parlais à son père enfin c'est mon deuxième fils qui est à à Melun mais et et il il voulait pas et et ils étaient fâchés avec ses avec il me donnait pas de nouvelles je sais pas ce qu'il devient et puis moi je savais pas hein hm hm hm c'est c- c'est pas facile hein ah oui non mais donc vous utilisez beaucoup l'ordinateur euh pour pour euh oui tout comme ça oui y a pour les informations aussi par exemple ou je suis vous savez je suis radio hm d'abord que c'est toute la journée je préfère écouter la radio
alors vous écoutez quoi à la radio ? quelle é- quel chaîne ? oh euh euh ou euh France Culture j'ai des a- j'ai des j'ai des plages de France Culture parce que tout est hm hm enfin les trucs où j'ai du mal à à comprendre et puis France Inter enfin je me je je ces deux je ces deux-là hm hm eh ben puis la la télé- je regarde euh Arte souvent hein
et l- et pour des informations euh locales par exemple sur la ville ou pour justement des des horaires ou des informations pratiques bah é- écoutez on on a oui là je regarde Orléans City en euh voilà voilà c'est c'est par internet la Rép- aussi euh enfin hm je suis pas très très journaux non plus hein je peux pas tout tout acheter tout faire hein je peux pas ça vous fait rire non bien sûr c- bah oui oui parce que je trouve que vous êtes d'une eh ben et très grande vitalité quand même c'est eh ben encore oui mais ça baisse hein oh bah hm j'ai des problèmes de santé importants et et et jusqu'à là encore un an hein ça allait mais mais je vois les quatre-vingt-dix arriver ça ça me fait peur et alors pen- pendant pen- pendant ces ces années vous donc vous avez presque toujours été à Orléans ou pas loin vous avez ah non j'ai t- oui toujours Orléans ou dans la banlieue oui oui oui vous vous trouvez que la ville a hm beaucoup changé ou comment qu- ah oui oh bah oui c'est pas comparable c'était une ville de province mais c'était euh d'abord elle a c'était une ville assez bourgeoise et puis bon ben ça a changé hein ça a euh on s'y reconnait plus d'ailleurs oui mais moi j'ai pas de plaisir oh p- j'ai j'ai j'y suis née j'y ai toujours vécu et maintenant j'ai pas de plaisir à aller dans le dans le centre-ville je suis plus à l'aise non ah oui non c'est pas ouais vous vous sentez pas attachée à la ville euh du tout non ah non celle de maintenant non vous non non non non non vous avez pas une identité d'Orléanaise euh vous sentez c'est pas une ville importante enfin ze- le le le le le euh de celle maintenant maintenant non ah non non ah non non ah non non mais alors c'est qué- c- la différence c'est quoi ? ah comment vous expliquer ça j'en sais rien c- ouais euh enfin euh c'est la ville qui a beaucoup changé on on avait oui on a on euh euh avec ça malgré malgré que je venais d'un d'un d'un d'une famille très très pauvre euh on avait ce qu'on appelle un petit vernis vous savez cette euh cette ville euh bourgeoise elle inf- elle nous do- enfin elle elle ça on était influen- par euh leur manière de vivre et tout ça bon bah je crois que puis peut-être que je mais non je me reconnais pas même dans la population de maintenant je me reconnais pas oui oh on dit on dit par exemple que les
moi j'ai souvent entendu que les Orléanais étaient assez froids fermés oui on nous ap- on nous appelait les vous vous trouvez guépins oui alors on ap- oui oui oui les guépins ça oui ça c'est c'est ce que je vous dis ça faisait partie de cette bourgeoisie euh hm hm hm hm euh oui mais m- moi j'ai jamais c'est curieux j'ai jamais été comme ça hein je ben faut que je parle il faut que je fasse il faut que je j- je et
et vous trouvez qu' y a justement une euh par contre u- une façon de parler euh propre aux Orléanais ou des des mots qui qui qui sont utilisés que par les Orléanais ? vous dans la rue hm quand vous entendez quelqu'un vous vous pouvez me dire s'il est Orléanais ou pas non je pen- non non non non y a pas d'accent de non non non non non non non non ce que j'aime ce que j'aime pas dans la même la main- ah les gens de ma génération puis les puis plus jeunes c'est euh enfin comment que je c'est pas ce racisme j'ai j'ai je trouve pas le mot mais y a pas de fraternité en- entre les uns et les autres hein même dans la maison ici hein ah oui quoiqu'il faut pas que je me pleigne parce que y a des personnes âgées donc euh y a des des dames toutes seules et le jour que je que j'ai emménagé les déménageurs étaient encore là d'ailleurs y a une voisine qui est venue proposer dire euh si on n- enfin comment elle m'a dit euh vous permettez je vous inviterai vous viendrez pas prendre le thé enfin elle a elle a fait une ouverture hm hm puis après elle en avait invité d'autres dames du coin finalement que j'ai gardé ce petit noyau on est cinq femmes on ne euh ben on va pas les unes chez les autres p- enfin f- si mais pas facilement et puis je joue pas au scrabble et elles elles jouent au scrabble alors le t- c'est pour je sais pas mais c'est que je veux pas pour moi ça m'intéresse pas j- bah oui je vois bien alors je suis obligée de hm de faire avec hein des fois j- j'échappe pas à la partie de scrabble il vous faut des loisirs plus plus jeunes plus plus dynamiques plus créatifs euh bah euh euh je si- hm j'aime assez ce qui est créatif hein ça c'est sûr vous avez bien raison je sais pas si j'ai raison mais je suis comme ça hein oui oui oui ben oui bah je fais pousser des des légumes sur mon balcon là j'avais des salades je les ai mangées il faut faut que je fasse quelque chose je sais pas quoi qui q- qui vive euh c'est ça je et et alors vous avez l'impression qu- y a quand vous étiez euh en- enfant euh dans le centre-ville d'Orléans y avait plus de euh contacts plus de fraternité entre guillemets à cette époque-là ? ah bah nous nous nous dans le quartier où on habitait c'était le quartier des Halles donc c'était un quartier pauvre c'était que des gens des ouvriers tout ça et j'ai gardé euh à l'époque euh vous êtes vous avez vous êtes vous êtes du coin non ? moi je suis né à Orléans euh vous con- vous z- vous vous rappelez peut-être de je sais pas si vous les avez connus les anciennes halles qui étaient tout en fer et qui étaient voilà oui oui oui oui et donc j'habitais tout près et avec euh les gosses du quartier on jouait là-dedans donc on on a on était très hm tout b- euh de les enfants des rues autour y avait une espèce de euh c'est enfin on avait gar- on avait ça où on n- on on euh on on avait une voisine bon si euh qui vous appelait j'ai fait de la soupe euh vous viendrez manger une assiette c'était c'était même ma mère c'est pareil euh y avait autre chose hein hm hm y avait une solidarité euh qu' y a plus maintenant hm hm peut-être parce qu'on a les moyens maintenant de euh je sais pas mais en vous entendant parler on a plutôt envie de de retrouver cette euh cette époque de solidarité oui qui é- qui était m- moi ça me manque beaucoup maintenant j'en parle pas parce que euh on dit que je radote non mais c'est important c'est quand même c- ce qui fait que le monde va mal actuellement quand même non on a un peu l'impression que le monde entier nous bah je comprends pas hein ça je vous affirme je peux pas être raciste euh je peux pas v- n'importe quoi je comprends pas je comprends pas je comprends pas les gens qui qui là je vois euh euh y a une une roseraie là derrière hein oui tous les soirs quand il fait bon j'y vais une demi-heure à peu près pour prendre l'air un peu eh ben ils ont tout refait tout nettoyé tout abattre des arbres c'était beau eh ben j'y suis allée le lendemain y avait déjà saccagé y a déjà des ordures y avait ah oui euh y a c'est ça qui me me blesse c'est ce manque de respect des autres ou du travail des autres hm hm moi j'ai une femme de ménage je vous jure que elle elle elle me dit mais vous êtes une patronne extraordinaire parce que j'aurais s- j'ai travaillé et je respecte le travail hm hm des autres que vous f- que ce soit n'importe lequel hein hm hm donc euh j- hm je rentre pas tout à fait dans la catégorie des des gens qui ont qui ont réussi bon ben puis bon ben maintenant je v- je vis pas mal parce que mon mari il avait j- euh malgré tout on a il est mort ça faisait s- vingt-cinq ans qu'on était plus ensemble et il a jamais voulu divorcer et il est mort euh euh enfin il il avait soixante-douze ans donc euh j'ai eu droit à la pension de reversion et c'est ce qui m'a permis de de bien vivre hm hm sinon avec euh ce que j'avais travaillé j'aurais eu une toute petite euh une petite pension ah oui oui ah oui les femmes vous savez on on à l'époque c'était pas obligatoire et puis puis on avait jamais travaillé qu'est-ce que vous voulez on oui oui travaillait pas hein hm hm mais c'était c'était terrible c'était le point positif du mariage la la la la protection la protection sociale de de la femme bah c'est-à-dire que moi j'ai eu la chan- enfin la chance oui parce que mon mari a pas voulu divorcer ben malgré tout j'aurais quand même eu droit à une part parce qu'on a vécu vingt-trois ans ensemble hein oui vous avez pas enfin euh c'est euh c'est une chose que je lui dois quand même euh grâce à lui je vis qaund même euh confortable- enfin confortablement agréablement hein oui et alors je veux je veux poser u- une question vous parliez des des des gens dans le quartier euh euh l'évolution du quartier et caetera euh par exemple vous hm
vous entendez euh beaucoup de langues différentes dans Orléans ou dans le quartier même maintenant est-ce qu'on vous a oh bah là là nous ce que entend comme euh là y a beaucoup beaucoup de euh de comité de population noire donc on entend beaucoup de euh surtout ça hm hm hm euh je euh au niveau des hm des arabes enfin tout ça pas trop hein parce que les gens qui s- doivent ils sont là ils doivent être là depuis longtemps euh parlent français et depuis quelques temps euh je vois j- euh y a un supermarché à côté chez Carrefour là oui eh bien y a des hm des langages de de de de gens de l'Europe de l'est euh de hm des on reconnaît hein le hm hm hm en plus de ça moi j'ai une belle-fille qui est roumaine ah oui mon fils il a il s'est marié avec une roumaine y a trois quatre ans quatre ans une dame euh enfin elle a des qualités parce qu'elle est venue en France elle avait trente euh trente-cinq ans pour faire des études à l'université hm hm hm hm donc elle est elle a donc c'est grâce à mon à mon fils qui l'avait connue par une autre euh par une autre famille et elle est venue faire des études je crois que c'était la dernière année qu'elle veut son âge puis son inscription à l'université donc elle a pu venir un an en France euh faire ses études et et bon elle a été obligée de repartir mais elle a refait un dossier elle est revenue encore un an et puis bon elle s'est mariée avec mon fils qu'à à soixante ans il s'est marié avec une femme qui a une quarantaine quaran quarante-cinq ans et puis et c'est un c'est fou ce que cette fille l- le enfin l- l'ouvert- enfin de l'intelligence qu'elle a elle euh elle a eu toute elle a fini son université je sais pas quel diplôme ils ont à la fin euh hm et elle est elle est s- elle est syndic- comment que ça s'appelle euh et là euh syndic- oui bon elle travaillait chez un syndic- et là elle est en en train de chercher à s'associer avec euh ouvrir euh hm hm une étude de syndic- oui une étude hm hm elle en en a les diplômes pour hm hm hm donc elle elle elle s'en est bien sortie enfin c'est vrai bah oui et donc bon je puis elle parle elle parle le français bah elle s- quatre langues ah oui vous avez l'impression que que le le le français a a a évolué là depuis euh depuis votre enfance euh justement euh
on on parle différemment français maintenant qu'avant ouais ? oh oui parce que nous on avait un un un un un parler euh euh enfin hm comment euh on appelait un c- ce qu'on apprenait à l'école c'était quand même hm beaucoup plus beaucoup plus classique beaucoup plus beaucoup plus classique maintenant c'est plus f- mais même nous on a on a un autre euh un autre langage hein les premiers gros mots qu'on a euh donné ou qu'on a dit bon y a quoi u- dix quinze ans mais avant on aurait jamais dit des des choses que c'est vrai que ah oui ouais ouais et alors vous trouvez que c'est plutôt euh mieux ou moins bien bah euh je trouve euh moi je trouve que c'est bien parce que enfin dans un sens parce que euh ça ça ç- les gens euh comment je vais vous dire euh c- ça sort d'eux-mêmes hein les la le le langage hein ils sont pas on les coince pas dans dans le mais je trouve que j'aime pas trop la vulgarité ça ça me gêne un peu et d'un autre côté l- ce langage des jeunes euh là euh je trouve que c'est bien mais j'aime pas du tout à partir du moment où ça devient ou v- ou ou vulgaire ou agressif euh je le comprends mal voilà si c'est créatif ça vous va mais si c'est vulgaire ou agressif ça ça va p- ah ah non c'est pas c'est pas mon genre oui je suis un peu coincée aussi non et j- je vais vous poser une dernière question parce que je euh je me rends compte que j'en aurais encore beaucoup sinon je j'aurais envie d- non mais c'est vrai de de de vous entendre raconter en- en- en- encore beaucoup de choses mais vous m'avez dit que j'essayais d'en euh rester dans un créneau d'une heure alors une heure c'est pas beaucoup pour euh ah non bah puis ça me s- je crois que ça me suffit aussi hein pour pour poné- c'est vrai mais juste euh euh hm vous vous vous avez l'impression que la la ville d'Orléans va va se transformer encore vous vous imaginez euh la ville un peu comment par la suite oh oh ben oui elle va devenir une ville avant elle était typique c'était quand même une euh je vous ai dit une ville bourgeoise avec euh et puis ben maintenant elle devient une ville comme les autres hein avec euh hm d'ailleurs euh ici tout ça moi j'ai connu euh tout ça c'était que des des horticulteurs c'était euh tous ces quartiers-là existaient pas hein euh de hm hm d'accord très bien c'est c'est dommage hein enfin c'est d- oui et non euh non j'exagère et maintenant ça s'étend ça s'étend et puis ça devient euh bah puis les les populations qui arrivent elles arrivent avec leurs euh hm leurs manières de vivre aussi donc euh c'est hm hm hm hm hm hm plus les nôtres donc euh mais moi j- t- j- ça me gêne pas ça euh euh ce ce ce qui me gêne c'est c'est quand on me méprise ou quand on m'agresse ou quand parce qu'on les petits vieux on les aime pas beaucoup hein on n'est pas toujours gentil avec eux pourtant on on on devrait hein quand on vous entend avec toute euh toute cette sagesse m- mais même mais même euh mes mes petits enfants ça va encore mais les arrières petits enfants là vous savez la la grand-mère ils s'en euh bon ben si les parents ils l'amènent pour dire bonjour à mamie mais vous savez c'est une corvée pour eux hein oh peut-être j- pas hein peux pas oh non je peux pas on peut pas parler avec les enfants oui non non c'est les petits les nouveaux non non ils sont on le en tout c- en tout cas moi j'ai été ravi on l- on le regrette de parler avec vous tous même les personnes euh que je connais de ah oui ah oui on regrette euh hm cette euh euh peut-être que la famille était pesante dans le temps hm hm mais là plus de famille maintenant c'est c'est oui pas agréable bon bah écoutez non je vous r- je vous remercie vraiment beaucoup je vais pas vous fatiguer euh plus euh oui parce que là je commence à oui oui bien sûr je vais vous retirer ouais euh le micro pardon je retire juste le micro