bien on va d'abord euh disons pour ouvrir la discussion et ch- je pourrais peut-être vous demander de nous expliquer comment vous voyez le rôle euh de la presse locale dans une ville comme Orléans alors c'est évidemment un sujet assez vaste je crois que il faudrait peut-être euh situer le rôle de la presse euh à Orléans en fonction du rôle de la presse régionale en France sur un plan un peu plus général car euh il est certain que le le visage de la presse régionale a beaucoup changé depuis la guerre je crois que quelques chiffres le le disent le montrent c'est ainsi par exemple que qu'avant la guerre le tirage euh global des quotidiens parisiens était très nettement supérieur aux tirages d'ensemble euh de la presse régionale bon cette situation s'est complètement renversée c'est-à-dire qu'à la suite euh de difficultés euh qu'a connue la presse parisienne euh son tirage est nettement moindre que celui de la presse régionale pourquoi? je crois parce que les journaux régionaux se sont équipés euh c'est pas sans une certaine satisfaction que je vais vous dire par exemple que la République du Centre où vous êtes en ce moment est en train de prendre une position de pilote un peu puisque dans quelques mois euh nous serons le premier quotidien français à utiliser l'offset hm hm nous sommes en train de construire une usine qui est en fait est construite d'ailleurs complètement il n'y manque plus que euh l- les installations techniques proprement dites la pièce essentielle notamment qui est la rotative et si nous sommes un peu en retard je suis au regret de vous dire c'est la faute à l'Angleterre c'est la faute à l'Angleterre car cette rotative euh américaine est construite sous licence en Grande-Bretagne et qu'elle devait être là le 15 juin et qu'on l'attend encore bon mais enfin ceci dit ne désespérons pas elle est annoncée pour la semaine prochaine la rotative se fait attendre je vous autorise nan je vous dit ça en toute amitié ça n'est qu'une parenthèse donc nous allons euh tenter une expérience qui n'est pas sans sans risque sûrement car on va complètement comme on dit chez nous changer notre fusil d'épaule au point de vue technique on va aborder des technique entièrement nouvelles qui posent des problèmes très sérieux en particulier de reconversion du personnel ça va même jusque au plan social puisque nous nous sommes promis de ne nous priver d'aucun de nos collaborateurs bon certains sont très anciens on va essayer de les reconvertir euh nous avons déjà des techniciens qui ont fait des stages euh non seulement en Grande-Bretagne mais aux Etats-Unis et on pense que ça va marcher alors ça c'est pour vous donner un exemple de un certain dynamisme je crois de la presse euh régionale qui est peut-être euh d'un point de vue alors euh administratif un peu plus un peu plus raisonnable un peu plus sage que la presse de Paris qui pense euh plus à l'avenir qui pense plus à ses investissements euh il est certain qu'on ne vit pas du tout ici et surtout chez les journalistes on ne vit pas du tout comme vivent nos confrères de Paris euh les gens travaillent plus généralement les états majors sont beaucoup moins étoffés et en revanche euh comme je vous le disais on se soucie beaucoup plus de l'efficacité euh et des problèmes de gestion d'une maison ce qui nous permet souvent d'aller de l'avant alors voilà une illustration du euh du comportement de la presse régionale en France alors il y a d'autres euh éléments bien sur qui sont entrés en ligne de compte euh et en particulier les moyens de transmission moderne les moyens de télécommunication qui font que avant la guerre euh les dernières nouvelles on était obligé de les prendre par téléphone euh ça supposait une sténo ou quelques fois même un rédacteur avec un casque qui prenait le le dernier coup de fil de l'agence Avas euh éventuellement des agences étrangères mais c'était bien rare ce qui fait que les toutes dernières nouvelles bah c'était c'était quelques lignes dans un coin de la première page maintenant avec les téléscripteurs avec les transmissions de photos par fil ou par radio on est pratiquement aussi bien informé que les journaux de Paris et aussi vite hm hm et hein on notre euh notre euh papier arrive beaucoup plus vite près du client que celui des journaux de Paris c'est ainsi par exemple que le le Figaro qui est un des grands journaux parisiens qui est un journal euh très estimable et très bien fait pour arriver dans certains coins de province en France est obligé de boucler une édition le soir assez tôt aux alentours souvent de vingt et une heures alors que nous on peut diffuser une nouvelle qu'on reçoit ici jusqu'à une heure du matin et quelques fois même plus tard hm ça c'est je crois notre force autrement dit nos moyens d'informations nous ayant mis sur un pied d'égalité avec les journaux de Paris on est arrivé avec de nos moyens techniques à les battre sur le plan de l'information en outre on arrive à donner aux à nos lecteurs des des informations de caractère local et régional que les journaux de Paris ne peuvent pas donner en conclusion je crois qu'on arrive euh à avoir un journal plus complet il est souvent pas aussi brillant parce que comme je vous le disais les états majors ne sont pas si nombreux euh il faut dire aussi que les souvent les les très bons journalistes sont tentés d'aller à Paris et qu'en un certain sens on peut dire que c'est peut-être mieux fait à Paris mais finalement je crois que lecteur est sensible au fait que son journal régional euh le satisfait voilà en d'une manière générale ce que je peux vous dire hum qu'est-ce que le lecteur euh attend dans euh dans votre journal ? vous avez parlé des informations oui alors ce que j- ce que je peux peut-être ajouter c'est que euh l'évolution dont je viens de vous parler s'est doublée d'une autre évolution qu'on peut regretter peut-être d'un certain point de vue c'est que euh autrefois et notamment avant la guerre le journal régional était souvent assez nettement marqué au point de vue politique représentait euh quelque fois un groupe d'intérêts dans une ville où il était le plus souvent je crois euh conservateur par exemple et peu à peu l- la tendance politique du journal s'est un petit peu estompée ça c'est un fait on a voulu faire de la grande information de l'information pure dans la mesure où c'est possible j'en suis pas très sûr car on ne peut pas rendre compte d'un évènement sans prendre une position aussi discrète qu'elle soit mais enfin je crois que c'est un des traits aussi de cette évolution on fait de l'information sur les grands sur les grandes options euh il est pas possible que le journal ne s'encombre d'une position très très marquée c'est euh il est pas possible qui qu'elle ne se manifeste pas d'une façon ou d'une autre sur un grand problème comme je ne sais pas euh je pense euh en particulier à l'Algérie ah il était difficile de de de ne pas marquer sa position maintenant on on a on a fini par euh essayer de ne pas heurter le le sentiment politique du lecteur c'est peut-être pas très courageux c'est peut-être pas très noble euh ça répond peut-être surtout à des préoccupations commerciales mais c'est un fait c'est comme ça et je crois que c'est une des raisons pour lesquelles l'audience des des grands régionaux s'est s'est élargie et dans la mesure où le Français s'intéresse encore à la politique euh je suis pas très sûr de de l'ampleur de cette mesure dans cette mesure je crois que quelqu'un qui s'intéresse vraiment à la politique en arrive à prendre euh euh son journal régional et à chercher dans un organe parisien ou national euh les éclaircissements ou les satisfactions qu'il attend je crois que c'est comme que ça se passe maintenant hm hm sur le plan euh local et régional il faut bien dire que euh de plus en plus je crois que c'est un des traits de notre époque euh l'économique prend le pas sur le politique et qu'on se soucie davantage euh à Orléans par exemple ou dans d'autres villes euh des problèmes qui tiennent qui concernent l'équipement de la ville des grands travaux des choses comme ça et où la politique intervient quand même de moins en moins hm voilà est-ce qu'il y a eu un développement de votre journal qui oui alors le développement est est très réel euh je peux vous le situer en quelques chiffres ce journal avait pratiquement été fondé à la libération du territoire c'est-à-dire en quarante euh quatre il a pris la succession d'un d'un d'un autre journal qui euh à la sui- à la fin de l'occupation avait été interdit vous savez que c'est une mes- que ça a été une mesure générale et que les journaux qui avaient paru sous l'occupation allemande n'avaient plus le droit de reparaître à la fin de cette occupation bon ce journal s'appelait celui dont nous avons pris la succession s'appelait le Républicain orléanais et euh au mois d'août mille neuf cent quarante-quatre quand les troupes euh alliées nous ont délivré le Républicain n'avait plus le droit de paraître pendant quelques jours le commissaire de la république qui était le représentant du pouvoir du gouvernement sur le plan régional a autorisé la parution d'un petit bulletin d'information compte-tenu des circonstances il était tout petit y a avait pas de papiers y avait pas beaucoup de courant bref ça a duré quelques quelques semaines et puis un beau jour et on a vu paraître la République du Centre qui prenait la succession du Républicain orléanais avec un état major rédactionnel d'ailleurs euh à peu près inchangé car euh les journalistes du temps plus librement j'en faisais pas partie j'étais trop jeune pour ça les journalistes qui avaient assuré la parution du Républicain sous l'occupation ne s'étaient pas compromis bien au contraire si vous voulez c'est le euh le capital euh la propriété qui a été dé- dessaisie de son autorité sur le journal une nouvelle société s'est constituée et le journal est reparti je crois qu'à ce moment-là à la fin de l'occupation le Républicain orléanais devait tirer à vingt-deux mille exemplaires par jour c'était donc un petit journal nous approchons maintenant les quatre vingt mille c'est-à-dire que bien sûr on a fait quelques efforts et que ces efforts ont donné un résultat l'évolution sur le plan de du tirage ou de la circulation comme on dit chez vous est-ce que l'expansion de la ville euh alors l'expansion de la ville bien sûr ça s'explique de dans une certaine mesure par euh l'expansion de la ville mais dans une une mesure euh très partielle car euh la population n'a pas quadruplé oui en vingt ans pas du tout parce qu'il devait y avoir à Orléans en mille neuf cent quarante-quatre euh quelque chose comme euh soixante dix mille habitants y en a maintenant environ quatre-vingt-dix mille c'est vous dire que l'augmentation du tirage est nettement supérieure à l'accroissement de la population oui non c'est plutôt je crois que nous nous sommes étendus nous avons d'abord un petit peu étendu notre zone de diffusion car avant nous étions en plus cantonné à Orléans et dans la région orléanaise nous avons complètement euh saturé le département du Loiret et en outre nous avons fait notre apparition dans un département voisin qui est celui de l'Eure-et-Loir dont Chartres est le chef-lieu et nous avons euh acquis une position très forte en Eure-et-Loir nous rayonnons maintenant sur deux départements en gros plus la frange de quelques autres départements limitrophes est-ce que vos lecteurs euh appartiennent plutôt à euh certaines catégories sociales plutôt non je n'ai pas les statistiques sous la main mais euh nous nous atteignons à peu près tous les milieux tous les milieux aussi bien le l'ouvrier que le cadre supérieur ou les personnalités locales euh tout le monde lit la République du Centre pour être complet il faut quand même que je dise que nous avons ici un concurrent qui s'appelle la Nouvelle république dont le siège est à Tours qui est un grand régional qui est nettement plus important que nous car je crois qu'il tire aux environs de trois cent mille exemplaires par jour ils rayonnent eux sur notre département mais le département du Loiret où nous sommes est leur département le plus faible leur tirage est vraiment très modeste euh dans le Loiret et ils ne vont pas du tout en Eure-et-Loir qui est notre deuxième département voilà en gros la situation bon est-ce que je pourrais vous poser une question ? bien sûr presque certainement indiscrète euh sur le financement de la gestion de ce journal parce que vous avez parlé tout à l'heure du tirage oui de la République du centre oui oui étant quatre-vingt mille exemplaires par jour oui ce qui de mon point de vue depuis depuis longtemps m'étonne un peu j'ai dans la mémoire le cas d'un quotidien anglais décédé oui parce que avec son tirage quotidien de presque deux millions d'exemplaire ce n'était plus rentable ah oui alors comment comment arrivez-vous à vivre sur un tirage de quatre-vingt mille par jour ? oui alors euh bien sur je comprend euh que cette question vous vienne à l'esprit euh je vous av- je vous avoue que moi-même je me suis souvent interrogé là-dessus et je crois que euh et je crois que il faut absolument euh se sortir de l'idée chasser de cette idée euh la thèse selon laquelle euh la prospérité d'un journal est proportionnelle à son tirage ça c'est complètement faux nous avons nous aussi euh en France des journaux qui euh sans sans doute atteindre les deux millions d'exemplaires atteignent facilement un million je pense à France soir euh ce n'est un secret pour personne que France soir est un journal qui connaît des difficultés financières je crois que d- la prospérité d'un journal dépend euh de l'équilibre qu'on arrive à établir entre euh ses dépenses et ses recettes c'est tout simple c'est une affaire de gestion et il se trouve que ici nous avons réussi à proportionner nos dépenses à nos recettes et à même faire en sorte que les recettes l'emportent sur les dépenses euh nous avons sans faire appel pratiquement enfin je ne suis pas dans les secrets de l'administration du journal mais nous avons quand même investi près d'un milliard d'anciens francs dans l'usine dont je vous parle doit faire dix millions de nouveaux francs si je compte bien sans pratiquement recours euh à des emprunts nous avons fait ça uniquement en auto-financement je connais peu de journaux même euh d'un tirage très supérieur au nôtre qui seraient en mesure d'en faire autant alors euh le prix de vente d- il faut dire je crois d'abord que nous sommes parmi les journaux nous ne sommes pas les seuls mais nous sommes parmi les rares journaux et ce sont presque toujours des provinciaux même toujours des provinciaux chez qui le prix de vente du journal représente une part des recettes au moins égale ou supérieure aux recettes d'ensemble je veux dire que la publicité ne joue pas chez nous un rôle aussi considérable que dans les grandes publications c'est déjà un q- un équilibre très important et qui est la base de la réussite si vous voulez la publicité et les ret- nos recettes publicitaires compte tenu de notre taille sont appréciables je dirais pas que c'est du bénéfice mais presque alors voilà le secret alors bien sûr j'ai j- j'y ai fait allusion tout à l'heure pour qu'une maison marche comme ça cela suppose que euh on ait du personnel euh rédactionnel en particulier qualifié bien sûr mais qui surtout n'ait pas peur du travail car je vois souvent je travaille aussi avec euh des journaux de Paris ça m'est arrivé j'ai de bons camarades dans des journaux de Paris je suis toujours un petit peu étonné par euh la modestie du travail qu'on leur demande je connaît des reporters qui sont quinze jours sans faire un papier car ils appartiennent à une équipe nombreuse ou dans laquelle on prélève euh par exemple une équipe composée d'un chauffeur d'un reporter d'un reporter photographe qui s'en vont à l'autre bout de la France pendant deux ou trois jours qui téléphonent un papier de cinquante lignes qui prennent leur temps pour rentrer c'est pas une critique inamicale que je fais mais c'est ainsi qui reviennent avec une note de frais considérable et finalement ça coûte très cher or nous étant donné que notre région d'action est petite les déplacements prolongés sont rares le plus souvent les journalistes traitent plusieurs affaires dans la journée il arrive même euh non pas chez nous je dois dire car on est organisé autrement mais je pense à mon confrère de la Nouvelle république qu'il n'y ait même pas de reporter photographe que le journaliste fasse ses propres photos tout ça ça réduit les frais considérablement et euh je crois que le ce qui est important c'est la limitation du rayon d'action alors il se trouve que oui en effet c'est paradoxal mais c'est comme ça avec quatre-vingt mille exemplaires on arrive à vivre et très bien et ça nous permet d'aborder des techniques nouvelles euh que les grands journaux sont pour l'instant bien incapables euh d'aborder il est absolument impensable qu'un grand journal euh parisien euh se lance en ce moment dans l'offset pour des raisons d'investissements et je dois dire aussi pour être euh précis que l'offset n'est pas pour l'instant accessible à à des gros tirages pour des raisons techniques car y a pas encore de rotatives qui débitent un nombre d'exemplaires supérieur à deux ou trois cent mille je crois enfin c'est l'affaire de techniciens voilà j'ai pas peut-être répondu très clairement à votre question mais enfin c'est voilà quelques éléments qui qui l'éclaircissent un peu ah si est-ce que je pourrais maintenant vous poser encore une question ? hm hm sans doute indiscrète vous avez dit que votre rayon d'action est relativement restreint oui bon dans ce cas-là comment est-ce que vous faites pour les grandes nouvelles nationales ou pour les nouvelles internationales ? alors nous sommes euh notre principale source c'est l'Agence France Presse avec laquelle nous sommes reliés par euh télétype bien sûr c'est la principale nouvel- c'est la principale source nous avons aussi des collaborateurs à Paris qui sont euh quelques fois les collaborateurs occasionnels euh euh dans des domaines un petit peu spécialisés comme euh euh la chronique judiciaire euh la chronique parlementaire mais notre principale source c'est l'Agence France Presse bien sûr euh ça a un inconvénient il faut le dire ça a un inconvénient c'est que tous les journaux régionaux étant aban- euh et nationaux aussi et même les étrangers enfin les journaux régionaux ayant pour principale source cette Agence France Presse on arrive à trouver dans les informations générales une espèce d'uniformité c'est-à-dire que dans toute la France à peu près sur un grand sujet national ou international vous retrouverez pas toujours le même texte car on a la coquetterie généralement de revoir un peu les choses de les arranger et puis le titre-même la place l'importance donnée à une information change l'éclairage que l'on donne à une information donnée mais en fait on arrive à une certaine uniformité et l- l'originalité la personnalité du journal il faut bien le dire apparaît maintenant surtout dans les chroniques régionales et locales ça c'est un fait est-ce qu'il y a eu depuis la guerre euh une évolution dans l'importance relative des différentes rubriques ? oui sans doute maintenant comment la préciser vous savez là on aborde un petit peu ces très graves problèmes euh que entre nous avec la direction nos nous agitons quelques fois la question est de savoir qui du journal ou des lecteurs a le plus d'influence sur la physionomie du journal est-ce que c'est le journal qui guide le lecteur ? le tient un petit peu par la main lui impose euh dans une certaine mesure aussi euh euh une certaine mode euh lui lui assigne les sujets qui méritent le plus d'intérêt où est-ce que c'est le goût du lecteur qui influence le journal ? y'a un peu les deux je serais d'ailleurs tenté de dire que c'est souvent le lecteur qui qui fait la loi car on est malheureusement peut-être tenté de lui offrir ce dont on est ce dont on sait il lui plaira ça c'est c'est le au fond c'est le grand problème de conscience du journaliste est-ce que vous pouvez précisez enfin quelles sortes de lois et je pense surtout aux faits divers je pense surtout aux faits divers il est certain que beaucoup de journaux ont ont mis l'accent euh sur le fait divers sur le crime de sang sur le sensationnel je dois dire qu'ici euh on a toujours plutôt freiné un peu on a freiné euh non pas que nous soyons des anges pas du tout disons peut-être quand même que c'est les grâces euh à monsieur Secrétin euh qui est le président directeur du journal qui est aussi maire d'Orléans et qui défend euh certaines morales une certaine éthique qui ne n'admet pas que le journal euh s'abaisse trop euh en souscrivant euh un peu servilement au goût du au goût de la masse alors nous avons les instructions c'est pas un mystère nous avons les instructions pour ne pas exagérer pour ne pas trop faire de sang à la une alors on essaye de se tenir à ce à cette règle alors vous savez bien y a pas que ça y a y a une espèce de démagogie qui consiste à à donner beaucoup d'importance à un sujet quand on sait qu'il est dans l'air ce serait pas difficile d'en trouver quelques uns actuellement la pilule par exemple hein vous savez qu'en ce moment ça a fait un certain bruit en cyclique la liberté sexuelle tout ce que vous voudrez il est il est certain que si on faisait un un papier euh on en a fait bien sûr mais si on en faisait un qui qui vraiment euh donne satisfaction à ce que nous sentons bien être le le courant le plus général c'est une façon comme une autre de d'attirer le lecteur ça on s'y refuse un petit peu euh on essaye de ne pas être de de de créer d'atteindre un certain équilibre euh au terme duquel euh chacun euh garde tienne son rôle le mieux possible le lecteur son rôle de lecteur et puis le journaliste son rôle de journaliste et puis c'est quand même nous qui devons donner la physionomie du euh préciser la physionomie du journal moi je dis souvent je me trompe peut-être mais enfin je dis souvent que même brutalement que je fais le journal euh avec les gens qui travaillent avec moi je j'essaye de le faire comme je crois qu'il doit être fait puis si ça plait pas au lecteur il a qu'à en acheter un autre tant pis qu'est-ce que vous voulez faut quand même prendre ses responsabilités est-ce que vous recevez souvent des lettres euh de oui alors ça euh c'est un des charmes de de la presse régionale c'est qui je crois qu'il y a un contact assez étroit entre la rédaction et le lecteur le lecteur est pris très volontiers euh pour pour un sujet qui le préoccupe oh souvent hein comme ont dit vulgairement ça vole assez bas hein c'est c'est c'est c'est c'est l- le lecteur ne ne ne s'aventure pas dans les sphères métasi- métaphysique mais souvent c'est un petit problème local euh et puis alors le plus souvent il prend la plume parce qu'il est pas content hein ça des lettres de compliments je vais vous dire qu'on en voit rarement rouspète ah c'est des rouspéteurs c'est bien connu mais ça permet un contact avec le lecteur on essaye de lui répondre de de faire une petite enquête de faire le point sur la question qui les préoccupe est-ce que vous publiez les lettres euh ? nous publions les lettres souvent enfin pas toutes vous les choisissez eh bien quand on pense que le point de vue est soit d'abord euh et alors là euh on fait une concession à ce que je prétendais ne ne dédaigner tout à l'heure euh souvent quand on a le sentiment que ça exprime l'opinion d'une grande ma- partie de nos lecteurs ou alors à l'inverse quand on pense que le point de vue est original c'est c'est en somme deux critères mais nous avons une rubrique que nous appelons courrier de nos lecteurs où nous passons assez souvent de des lettres euh on s'efforce qu'elles soient pas trop longues pour pas donner la tentation aux gens d'écrire trop et n- d'envahir nos colonnes mais enfin on le fait assez souvent et on s'est aperçu que c'était un bon moyen de maintenir une communication entre le journal et les lecteurs est-ce que vous publiez plus facilement des des lettres de responsables ou bien euh non pas spécialement il est évident que les responsables sont peut-être parmi ceux qui se manifestent le plus souvent précisément parce qu'ils sont responsables ou qu'ils ont le sentiment de l'être bien sûr mais souvent ce sont de simples particuliers sur un problème euh communal sur un problème euh régional euh par exemple euh il y a eu hier soir euh au palais des sports le les coeurs de danse de l'armée soviétique j'ai pas besoin de vous dire que compte tenu de ce qui vient de se passer euh en Tchécoslovaquie ça avait provoqué une certaine émotion c'est d'ailleurs à peu près tous les gens ont considéré quoi qu'on puisse penser des des de ces événements ben il semble ces gens-là sont venus là pour chanter pour danser et puis qu'à près tout c'est peut-être la sagesse que ne serait-ce que pendant deux heures que d'écouter la musique non bref il n'y pas eu d'incidents mais il y a eu de violents remous on peut le dire dans nos lecte- parmi nos lecteurs et on a passé plusieurs lettres euh généralement indignées de la venue de de cette troupe c'est je crois un exemple de de la façon et des occasions dans lesquels se manifeste le le sentiment de nos lecteurs à travers nos colonnes est-ce que vous pourriez est-ce que vous pourriez parler de la formation des principaux journalistes de la République du Centre ? ah je pourrais en parler bien sûr je pourrais en parler d'autant plus facilement que je me trouve euh confronté assez souvent avec le problème qui consiste à à renouveler les les cadres si vous voulez puisque les gens vieillissent les gens prennent leur retraite il faut les remplacer alors ça mon opinion euh euh alors se- elle vaut ce qu'elle vaut et puis elle elle a pas la prétention d'être la bonne mais mais mon opinion est que en France on a encore pas organisé vraiment le la formation des journalistes y a bien sûr y a plusieurs écoles des écoles privées euh organisées quelques fois avec le concours de la profession y en a à Paris y en a aussi en province et euh pour la première fois il y a un an ou deux le journalisme a fait son apparition dans l'enseignement supérieur ça a commencé à Strasbourg à la faculté de Strasbourg ou un certificat de de licence préparant au journalisme a été crée y a un deuxième euh une deuxième manifestation de euh de du désir de l'Education Nationale de d'organiser l'enseignement du journalisme qui se traduit par euh l'ouverture au mois d'octobre je sais pas très bien sur quelle base d'ailleurs de cours préparant aux carrières de l'information dans le cadre des IUT ça je ne sais pas très bien si ça vous si cette notion vous est familière les IUT c'est t- les ce sont les Instituts Universitaires de Technologie qui doivent dispenser un enseignement court c'est-à-dire en deux ans et qui permet doivent permettre euh d'insérer assez rapidement les les gens qui ont fait des études supérieures relativement brèves dans différents différentes activités alors je dois dire que les les expériences que j'ai faites avec des jeunes gens qui sortaient euh des écoles de journalisme parce que j'ai pas eu l'occasion d'en voir qui sortent euh de ces établissements d'enseignement supérieur officiels les classes que j'ai faites sont pas très pas toujours très heureuses ça c'est un peu ennuyeux mais c'est vrai le pire je suis euh je suis peut-être un peu partial parce que moi j'ai j'ai appris mon métier sur le tas comme on dit et je considère que c'est la meilleure école à tort ou à raison mais enfin c'est mon opinion vous savez c'est c'est c'est un métier que vraiment on on apprend en le pratiquant c'est c'est en forgeant qu'on devient forgeron et moi je crois c'est ça n'exclu pas qu'il y ait une formation de base euh plus théorique à mon avis que pratique qui puisse être donnée et organisée enfin généralement les gens que nous avons recruté ici n'étaient pas passés par une école de journalisme et on s'est aperçu qu'on arrivait très bien à les former en quelques mois à la condition que la base que que la base euh culturelle soit solide trop souvent malheureusement les jeunes gens sont tentés par le journalisme et il faut bien le dire ne ne possèdent pas euh les compétences élémentaires vous comprenez que moi quand je reçois euh un jeune euh que je le mets à l'épreuve et que on constate avec horreur qu'il sait pas accorder un participe passé je lui dis ben je crois qu'il est pas nécessaire je vous remercie de poursuivre l'expérience à moins que à moins que vous recommenciez vos études enfin dans le monde de la semaine dernière il y avait aussi euh en première page une faute d'accord du participe passé oui alors ça vous comprenez ça je crois pas qu'il faille jeter la pierre aux aux journaux euh sur les fautes qui sont commises ce qui m'étonne toujours un petit peu quand je c'est une de mes réflexions favorites quand je fais visiter le journal euh à des gens on me dit toujours mais comment se fait-il que qu'il y ait tant de fautes alors je leur dit écoutez euh si vous me posez des vous me poser cette question avant que la visite ne commence euh je comprends très bien seulement quand vous aurez terminé la visite vous demanderez pas pourquoi y en a tant vous demanderez pourquoi y en a si peu car au fond c'est quand même un petit tour de force quotidien que que de commencer à sept heures du soir un journal qui doit être terminé à une heure du matin euh à sept heures y a absolument rien dans les formes sur le marbre euh faut quand même faire ça très vite alors puis alors hein euh nous on traverse une très mauvaise période il faut bien le confesser car dans le cadre de ces transformations dont je vous parlais de ces bouleversements techniques on on inaugure de nouvelles méthodes on abandonne peu à peu la linotype pratiquement y en a plus ici on a des des robotypes qui sont des machines qui font euh largement appel à l'électronique et comme on veut conserver notre personnel on est en train de le convertir alors j'aime mieux vous dire que les premières semaines les m- les premiers mois c'est affreux parce que on un monsieur qui a travaillé pendant quelques fois vingt ans sur une machine et qui passe sur une autre machine commet des fautes bien sûr très nombreuses et les fautes sont si nombreuses et multipliées par le nombre des opérateurs que quand arrive le moment assez tard dans la nuit où on pourrait entreprendre de les corriger le nombre même des fautes nous décourage et nous ren- met dans l'impossibilité de les corriger hein alors c'est une situation assez tragique et en ce moment on a pas à être très fiers de de la composition du journal mais c'est un mauvais moment à passer est-ce que vous pourriez peut-être euh je crois que ça serait intéressant parler de votre propre carrière euh comment vous êtes venu oh ben écoutez moi je veux bien parler de ma carrière elle n'a pas grand intérêt pour les autres mais enfin est-ce que vous êtes euh orléanais également ? je suis orléanais je suis orléanais j'ai fait des études secondaires et j'avais toujours pensé euh enfin j'avais toujours été tenté p- non pas spécialement par le journalisme mais j'aimais écrire et puis je en fait je me destinais à la médecine je voulais être médecin et puis euh pour des raison personnelles je peux le dire parce que ça ça n'a pas de caractère secret et et ça ne me gêne pas de le dire m'enfin il se trouve que la guerre a a complètement bouleversé le la situation de mes parents et que j'ai dû travailler très vite si vite que j'ai passé mon baccalauréat un après-midi et le lendemain matin j'allais travailler sans même savoir si j'étais reçu j'ai commis un pieux mensonge ou plutôt la personne qui m'a engagé a commis un pieux mensonge en en couchant sur ses papiers que j'étais titulaire du baccalauréat alors on a prié le bon Dieu pour que les résultats soient favorables ils l'étaient bon alors j'ai su ça se passait tout de suite après la Libération et il s'est trouvé que comme j'avais été en contact euh par la résistance avec euh avec des gens qui ont participé à la libération du territoire je suis entré donc le lendemain de l'examen euh comme attaché de cabinet auprès du commissaire de la république de la région d'Orléans euh mes parents euh étaient assez satisfaits c'était le c'était l'administration préfectorale ils me voyaient déjà avec une casquette euh galonnée et puis je me suis aperçu très vite que que j'étais pas fait pour l'administration ou que l'administration n'était pas faite pour moi m'enfin je c'était pas possible je voulais pas rester je m'ennuyais abominablement et puis l'occasion ou le hasard a voulu que un de mes camarades de de lycée qui lui aussi avait des des vocations diverses puisque il se destinait à à la chirurgie dentaire il est effectivement devenu chirurgien dentiste mais il avait un un très très grand talent de caricaturiste et pour euh gagner un peu d'argent il travaillait au journal ici puis un jour on lui a dit ben écoutez on cherche un journaliste pourquoi ne rentreriez-vous pas ? alors il a dit non moi je peux pas euh c'est pas possible euh je dois faire mes études dentaires mes parents y tiennent beaucoup euh mais par contre j'ai un camarade euh qui s'ennuie à la préfecture et peut-être qu'il pourrait rentrer ici j'ai donc été mis comme ça en contact avec monsieur Secrétin qui m'a engagé toutes affaires cessantes et je me suis dépêché de donner ma démission à la préfecture et puis je suis rentré ici j'étais jeune j'avais 19 ans et le journal était très modeste comme je vous le disais tout à l'heure c'était à l'époque où on tirait à vingt-deux mille exemplaires et nous étions euh si ma mémoire est bonne nous étions quatre rédacteurs au siège avec une quinzaine maintenant tout de même alors j'ai tout fait euh j'ai fait ce qu'on appelle les chiens écrasés c'est-à-dire les les divers j'ai fait les tribunaux ça a pas été toujours très très rigolo parce que quand on est jeune euh on aime quelques fois bien se distraire un peu et faut bien dire que le petit nombre que nous étions euh faisait qui qu'il fallait être présent presque sans arrêt qu'y avait pas de jours de congés enfin c'était l'époque héroïque et puis ben euh on a essayé de de s'en tirer ça a pas mal marché la rédaction s'est étoffée on a considéré que j'étais capable de faire travailler les autres et que j'avais suffisamment écrit parce que c'est ça le drame au fond c'est que quand on prend quelques galons on fait écrire les autres et soi-même on n'écrit plus beaucoup et ça je le regrette d'ailleurs enfin c'est la vie qui veut ça et puis maintenant je je suis responsable du service des informations surtout locales et régionales mais ce que ce qui m'a fait beaucoup de bien c'est q- pendant vingt-trois ans hélas maintenant je suis passé dans tous les services absolument tous j'ai fait du secrétariat de rédaction j'ai fait la première page euh à un moment d'ailleurs euh on m'a confié aussi les les quelques reportages à l'étranger que un journal régional peut être amené à faire et c'est bien sûr ça ça m'a beaucoup apporté et je crois que ça a complété ma formation si tant est qu'elle soit encore complète j'en suis pas sûr parce que c'est un métier où on on ne cesse pas d'apprendre puisque le la matière sur laquelle on travaille évolue constamment puis les techniques changent aussi enfin je crois que j'ai pas la peine il est pas nécessaire que que j'ajoute que j'adore ce métier voilà est-ce est-ce que pourriez euh décrire un peu pour les les anglais enfin euh les Orléanais ? ah dans les différents domaines enfin travail loisirs euh décrire les Orléanais c'est difficile vous savez parce que je crois pas que ce soit un Orléanais qui soit le mieux placé pour parler des Orléanais parce qu'on voit les choses de l'intérieur et qu'on a pas un jugement objectif bah vous savez Orléans c'est une ville euh que avec toute euh sa diversité et avec euh l'avis change beaucoup selon selon les classes sociales euh je pourrais je pourrais vous dire plus facilement comment je le vis moi quoi que ce serait un mauvais exemple que que comment vivent les Orléanais en général que d'autant plus que vous savez y a pas y a peu de différence entre la vie des Orléanais et la vie des des Bordelais ou des Lillois y a pas grande différence si des différences mais qui tiennent si vous voulez aux dimensions de la ville qui tiennent aussi au climat il est certain que dans le midi on vit beaucoup plus dehors que que dans nos régions qui sont moyennes et euh affligées d'un climat continental qui est pas toujours agréable il pleut beaucoup il on dit qu'à Orléans il pleut souvent qu'y a beaucoup de vent je crois que c'est vrai nous aussi vous le pensez aussi non ça c'est pas le climat idéal les bords de Loire ont la réputation d'être euh d'être malsains de donner des rhumatismes ou des angines on voyait ça aussi en Angleterre est-ce que vous croyez que les les Orléanais enfin ont des qualités spéciales enfin alors ça pour moi c'est très di- il est très difficile de faire la la part de de de ce qui est la réalité puis de de ce qui est un un petit peu le la légende tout ville a a une espèce de légende sur ses habitants euh on dit par exemple que l'Orléanais est est froid on dit qu'il est froid qu'il est assez réservé je le crois d'ailleurs je crois que c'est vrai dans une certaine mesure nous sommes évidemment beaucoup moins expansifs que dans le midi on dit aussi qu'il est fidèle et alors là on rejoint des tas d'anecdotes euh historiques et on on on dit souvent on vous parle souvent de la fidélité des Orléanais à Jeanne d'Arc et j'apporte ici un sujet brûlant et mes amis anglais oui euh on dit on dit aussi que l'Orléanais comment dire a la dent dure on dit il y a d'ailleurs on sur- on l- les Orléanais ont surnom je sais pas si vous le savez d'abord déjà on dit que ce sont des guêpins on dit que ce sont des guêpins euh car euh ils ont la réputation comme la guêpe d'avoir une sorte d'aiguillon qui picote quelque fois euh on leur d- euh attribut un esprit incisif euh on dit que euh ils voient volontiers le les petites travers ou les petits ridicules des gens et que se font pas faute de de l'exprimer alors tout ça oui y a du vrai bien sûr y a du vrai y a y a une part de de légende parce que quand une ville euh grandit c'est le cas d'Orléans comme de toutes les villes de France comme de toutes grandes les villes vous savez bien que en France euh j'imagine que ce doit être la même chose en Angleterre y a un phénomène qui qui vide les campagnes au profit des villes alors c'est quand de la population d'Orléans s'accroît bah euh bien évidemment ce ne sont pas uniquement des des gens de la périphérie qui viennent y a des gens d'un peu partout vous avez des industries qui s'implantent qui apportent leur personnel vous avez les pas mal euh de Parisiens qui se sont installés à Orléans ou dans la région parce que des entreprises de Paris se sont décentralisées alors tout ça ça crée un brassage des populations qui fait que petit à petit les caractéristiques propres aux Orléanais dans la mesure où elles existent ben s'estompent euh disparaissent un petit peu et on finit par vivre ici un petit peu comme on vit ailleurs euh dans une autre ville de France tout à l'heure vous aviez prononcé le mot de classe est-ce que vous pourriez décrire euh d'après vous quelles sont les classes sociales à Orléans ? bah là aussi y a un y a un nivellement qui se produit autrefois et pendant très longtemps Orléans a été une ville a été une ville commerçante pour des raisons qui tiennent surtout à sa situation géographique et surtout au fait qu'Orléans était un port un port sur la Loire et que la navigation sur la Loire était importante alors euh y avait un mouvement d'affaires importantes qui se faisait ici y avaient de vastes entrepôts on recevait euh même par la Loire euh des denrées exotiques euh et puis on les transformait Orléans était aussi et l'est encore une des capitales du vinaigre et de la moutarde alors euh c'était incontestablement une ville d'affaires une ville commerçante et aussi une ville dans laquelle venaient se retirer les gros cultivateurs de la région surtout du nord de la Beauce qui comme vous le savez est une région agricole active et prospère tout ça faisait que en vérité finalement une ville assez bourgeoise peu industrialisée ça a changé ça a changé très nettement d'abord parce que le déclin de la navigation sur la Loire a complètement ruiné une partie des activités commerciales d'Orléans les cultivateurs maintenant eux tiennent pas spécialement à se retirer à Orléans vous savez euh ils sont tous très bien installés sur les lieux même de la culture ils ont fait construire de belles maisons tant mieux pour eux et puis euh finalement ils préfèrent aller à Paris qu'à Orléans alors euh l'industrialisation a fait que on a vu apparaître euh non pas un prolétariat mais une classe ouvrière aussi ce qui fait que maintenant il y a vraiment une gamme très très variée de de classes sociales et alors c'est difficile de parler des conditions de vie de d'une classe ou d'une autre parce que ça aussi c'est un phénomène euh mondial le niveau de vie s'élevant de façon générale il y a peu de différences entre euh la façon dont vit un contremaître d'une usine et un cadre euh et même quelque fois le patron maintenant ils partent presque tous en même temps à la mer ils vont presque tous au sport d'hiver l'hiver ça se voit à quoi bah ça se voit au compte en banque et par conséquent ça se voit pas parce que vous connaissez la discrétion qu'on a là-dessus ça se voit à les feuilles d'impôts n'en parlons pas parce qu'alors ça c'est le sujet tabou en France ça se voit à quoi à la puissance de la voiture ? bof pas forcément parce que quelque fois quelqu'un qui a des revenus très modestes euh met un point d'honneur à avoir une voiture plus belle que son celle de son patron ça transparaît pas très bien dans le logement bah dans le logement oui un peu je crois que ça se voit surtout à la résidence secondaire car ça c'est un grand phénomène le patron il a une il est pas tellement mieux logé que son contremaître seulement le patron il a une résidence secondaire en Sologne ou aux bords de la Loire et le contremaître en a pas le contremaître il a que sa voiture alors le dimanche il sait pas quoi faire il se promène sur la route et il tourne même il arrive même sans avoir qu'il tourne pas loin de la résidence du patron et puis qu'il est qu'il serait tenté de rentrer dans le bois ce que le garde-chasse lui interdit nan vous voyez c'est y a pas y a pas si vous voyez dans la vie de tous les jours une une très grande différence oh j'imagine qu'en Angleterre c'est un peu la même chose il est très difficile maintenant de juger de la condition sociale des gens c'est comme euh vous les quand vous voyez ces gens marcher dans la rue y a cent ans ça se voyait tout de suite on distinguait le paysan l'ouvrier du bourgeois ou du notaire maintenant non alors tout ça je crois pas que ce soit très caractéristique d'Orléans et là je vous déçois peut-être un peu dire euh que le français pur c'est ailleurs c'est pas il me parle et quoi que si ils sont euh est-ce qu'il y a un français pur puis comment le définir ? c'est le grand problème bah oui justement moi j'ai des amis à Marseille qui considèrent qu'on parle abominablement le Français et si vous parlez pointu et on vous comprend pas mais je suis en train de lire le bouquin de Paul Guth en ce moment alors euh on a peine à y croire où justement il essaie de parler pointu quand pourquoi est-elle euh professionnelle euh au fait euh vous avez parlé tout à l'heure de la décentralisation hm hm enfin d'après mes lectures dans les journaux j'ai l'impression qu'il y a tout un une politique centrale de régionalisation n'est-ce pas ? oui d'encourager un peu la vie régionale est-ce que à votre avis ça va ça va affecter la presse locale est-ce que la presse locale peut y contribuer plus qu'avant ? c'est-à-dire que jusqu'à présent euh la régionalisation oui euh on a commencé timidement à la promouvoir est-ce que ça a affecté le la physionomie du journal ? oui ainsi par ex- ainsi par euh avant la guerre ou même il y a encore quelques années ben Orléans c'était Orléans c'était le chef-lieu du département du Loiret c'est ça a Orléans a été réduit un peu euh à à une vie euh une vie de à la vie d'un d'un chef-lieu de département ce qui n'allait pas bien loin ce qui n'engageait pas de de grandes responsabilités alors et j'ai trouvé qu'Orléans est devenue capitale régionale est devenue capitale de la région Centre q- qui comme vous le savez certainement euh groupe six départements ça a supposé la venue à Orléans la création de d'administrations régionales il est bien évident que nous avons été obligé nous d'ouvrir une rubrique un peu une rubrique euh on a crée une chronique de la région Centre y a une es- euh bien que les liens soient encore euh assez faibles assez lâches euh avec les les cinq autres départements de la région les Orléanais alors là je pense pas du tout aux lecteurs moyens mais aux fonctionnaires par exemple qui appartiennent à des administrations qui qui ont qui ont acquis une structure régionale que ceux-là de nos lecteurs sont intéressés par ce qui se passe à Bourges ou euh comme à Châteauroux et on a fait on a été amené oui à faire une place un peu plus grande aux nouvelles de la région alors comment comment cela va évoluer ça c'est un problème de gouvernement vous savez qu'en ce moment euh y a des projets pour ça qu'on parle de d'accroître l'autonomie des régions est-ce que ça se fera est-ce que ça se fera pas ça on en sait rien enfin on sera bientôt fixé certainement alors si le mouvement s'amplifie je crois qu'à ce moment-là le journal devra aussi euh en porter témoignage si par exemple on crée une assemblée régionale élue peut-être avec des pouvoirs euh plus étendus que qu'il y ait même un budget régional bien évidemment la la vie et la vie à Orléans changera encore les les projets les projets d'urbanisme par exemple la construction d'un grand ouvrage routier et dont la nouvelle nous était auparavant euh apportée euh par le député local euh m'enfin la décision était prise à Paris c'était comme le bon dieu qui nous apportait la bonne nouvelle si maintenant ça ce ce projet est débattu dans une euh enceinte euh orléanaise il est certain que nous on sera amené à rendre compte des débats de cette assemblée et que le la nature même du le contenu même de nos informations changera puis qui s'éveillera certainement une une espèce de conscience régionale qui pour l'instant n'existe pas ça peut être en effet un grand changement oui bon ah oui ces projets je crois qu'il y a aussi un projet de régionaliser la télévision et la radio alors ça ça existe déjà ça existe mais euh la télévision a des émissions régionales y en a une qui est en particulier une euh une antenne euh de la télévision à Orléans les studios sont près de Bourges alors ça y a un projet qui est je crois est en cours de réalisation le siège euh administratif étant déjà à Orléans il y restera bien sûr il va sans doute s'étoffer et les studios vont être construits à Orléans pour l'instant il faut bien dire oh sans sans méchanceté que le la télévision régionale ce c'est peu de choses que c'est d'ailleurs assez assez étonnant enfin moi ça m'étonne toujours beaucoup parce que la télévision régionale euh doit disposer sur les écrans sur la première chaîne je suis pas très sûr hein parce que je regarde pas la télévision euh doit disposer d'une demi-heure le soir entre sept heures et demie et huit heures mais alors faute de moyens je crois faute aussi peut-être euh du personnel euh compétent ils sont dans un cas exactement à l'inverse de ce que nous avons fait c'est dire que nous au fur et à mesure que nos journaux et pas seulement de la république du Centre prenaient de l'importance étendaient son rayon d'action ses moyens d'informations on a essayé de de sortir un petit peu ju- du caractère local trop strictement local vous savez les petites nouvelles sans intérêt alors eux précisément font l'inverse et vont vous passer des images sans intérêt euh sur un commisse agricole où on va voir en gros plan pendant trente secondes le la queue d'une vache euh ce qui est évidemment très intéressant on s'en lasse alors ça je crois que ils ont ils ont beaucoup de travail à faire euh encore une fois je dis ça sans méchanceté parce que ces gens-là travaillent avec les moyens dont ils disposent et les moyens qu'on a mis à leur disposition pour l'instant leur permettent n- ne leur permettent pas de faire du bon travail j'espère pour eux que ça changera parce que personnellement moi je suis pas très très inquiet de la concurrence de la télévision elle existe bien sûr c'est vrai que la télévision nous fait de la concurrence mais après tout la concurrence c'est sain euh oui c'est une émulation euh moi j'ai toujours considéré le le côté sportif du métier et faut pas avoir peur de se battre euh avec euh le fair-play nécessaire mais faut se battre un peu est-ce qu'il y a des journalistes qui travaillent à la fois ? non non euh jusqu'à présent les la télévision régionale a a ses propres journalistes elle en a peu je parle pas de leurs qualités et ils n'ont pas fait appel à à la télé à la presse régionale et je crois que là ça poserait un problème je crois po- je crois que ça poserait un problème car euh je ne sais pas si la la direction des journaux autoriserait les journalistes à à ce que à participer aux émissions de la télé car euh si moi je suis pas très inquiet enfin si je vois ça sans appréhension c'est peut-être pas toujours le point de vue des patrons qui eux me semble-t-il euh voient peut-être pas ça d'un bon oeil je crois d'ailleurs que ça serait ça la solution ça serait que bien sûr il faut d'abord que la télévision s'équipe euh et recrute les journalistes qui qui qui sachent faire leur métier et je crois que si elle veut faire du bon travail il lui sera nécessaire de temps en temps de faire appel à un journaliste de la presse écrite c'est pas du tout que que moi je tienne personnellement à travailler pour la télévision mais je considère que le problème pourrait être réglé si de temps en temps par exemple dans un un événement régional d'importance ou même euh pourquoi pas un gros fait divers la télévision pourrait faire appel au journaliste de la presse écrite qui s'est rendu sur les lieux qui a fait une enquête qui connaît bien la question je crois que ça pourrait être intéressant pour le lecteur et vous savez le journaliste de la presse écrite pourrait conserver une certaine euh liberté ne pas se sentir gêné par cette collaboration occasionnelle si précisément elle é- elle n'était qu'occasionnelle euh si on changeait souvent de de de journaliste euh auquel on pourrait faire appel je crois que c'est c'est une solution vous savez on est fait pour vivre ensemble euh et pour partager les les moyens d'informations y a pas de raison de se battre autrement qu'à la loyale je crois je peux sauter oui à un autre sujet merci euh j'aimerais savoir quel est le rôle du syndicat à l'intérieur du journal euh du syndicalisme en générale oui surtout dans le contexte de la modernisation si euh oui ce qu'il faut dire d'abord c'est que en gros vous avez vous avez deux catégories vous avez deux deux sortes de syndicats il y a les syndicats ouvriers qui est bien entendu regroupe les les ouvriers et le personnel technique et puis y a les syndicats du journalisme alors le syndicat ouvrier les ouvriers ici appartiennent tous au syndicat du livre qui est un syndicat national et qui est affilié à la CGT euh il y a une petite déne- peut-être une petite particularité à signaler rapidement c'est que l- le syndicat du livre est un des plus anciens syndicats français au moment des des difficultés qui rem- maintenant remontent à une quarantaine d'années où il y a eu une scission entre euh dans le milieu syndical entre les gens qui étaient communistes ou communisants et ceux qui ne l'étaient pas euh délibérément le syndicat du livre est resté à la CGT et est resté euh du côté de de ce qu'on pourrait être tenté de de de qualifier de de communisme ou de communisant mais tout en préservant sa personnalité et le syndicat du livre euh il me semble que dans sa grande majorité fait preuve tout en restant à la CGT d'une grand indépendance vis-à-vis du parti communiste euh ici la situation est particulière car euh ils sont affiliés à au syndicat du livre donc à la CGT euh je crois qu'on serait bien en peine de trouver quelqu'un qui ait beaucoup de sympathie pour le parti communiste un seul même dans la maison pourquoi c'est comme ça ? hum je sais pas trop on dit souvent en manière de plaisanterie quand euh un conflit social euh se produit en France et qu'il euh retentit même sur le plan du journal ça arrive ont dit souvent que les ouvriers ici sont les pires réactionnaires qu'on ait jamais rencontré et qu'ils sont beaucoup plus réactionnaires que les journalistes c'est comme ça c'est pas ils ont l'imp- ils ont je crois qu'ils ont le sentiment d'appartenir un peu à une une espèce de petite bourgeoisie euh du prolétariat ils sont d'abord pas mal payés généralement ils tiennent beaucoup à ce qu'ils bossent seuls et c'est très respectable après tout alors les journalistes eux appartiennent tous alors y a plusieurs syndicats de journalistes y en a en gros trois y a le syndicat national des journalistes qui est un syndicat autonome c'est-à-dire qui n'est rattaché à aucune centrale ouvrière et tous les journalistes ici appartiennent à ce syndicat y a également un syndicat euh je vous demande pardon y en a quatre y a également un syndicat CGT qui groupe surtout les journalistes travaillant à la publication communiste ou communisante y a le syndicat CFDT les journalistes et le syndicat force ouvrière mais en somme les trois grandes centrales syndicales ont leurs syndicats de journalistes propre et puis y a le syndicat SNJ autonome dont je vous parlais et qui est le plus oh je crois pouvoir dire qui est qui que c'est lui qui a le plus grand nombre d'adhérents alors comment euh car au fond c'est ça votre question comment les syndicats sont-ils associés à la vie du journal ? et surtout au projet de transformation alors ça je dois dire que rien de systématique n'a été fait qu'y a pas eu vraiment cette fameuse participation dont on parle tant que la direction n'a pas te- cette euh vous pou- vous pouvez considérer ça comme une critique dans mon esprit ç'en est pas une c'est une constatation que la direction n'a pas mené un campagne euh d'information systématique qu'on sait surtout ce qui va se passer euh comme ça par des conversations euh mais enfin les gens qui surtout dans le personnel ouvrier qui vont être euh affectés par euh une euh modification de leurs outils de travail en somme les linotypes par exemple qui qui vont devenir devenir des je sais pas très bien comment on dit les gens qui vont travailler sur des robotypes m'enfin qui vont changer qui vont changer l'instrument eh ben ça ils sont ils en sont avisés bien sûr ils sont au fait de la transformation puisque euh aussi bien depuis plusieurs mois ils ont déjà changé de machines mais ils savent pas très bien euh ce qui va vraiment changer dans l'ensemble du journal les les journalistes le savent mieux parce que on est au contact euh du patron plus directement du rédacteur en chef euh qui lui euh euh bien souvent nous entretenir euh des projets alors si vous voulez c'est un y a pas eu de plan d'information mais on on sait finalement ce qui se passe parce que la maison est ainsi faite que elle est pas grande et euh y a pas tell- y a pas tellement d'écrans entre les responsables et les exécutants alors euh quand on sait pas très bien ce qui va se passer ben on coince le rédacteur en chef dans un couloir et puis on lui dit dites donc à propos comment ça va se passer là-bas et ben puis on s'assoit et puis on bavarde de tout ça et il nous l'explique y a pas y a pas bien sûr de de de parti pris euh de mystères de la part de la direction pas du tout on considère ben que tout le monde est embarqué dans la même aventure que chacun y tiendra son rôle et puis que certainement tout se passera bien du moins on l'espère alors vous voyez le le problème n'a pas été du tout traité comme il le serait dans une grosse entreprise où il faut où là ce serait absolument nécessaire que ne serait-ce que de réunir les gens et puis de leur expliquer un peu alors il faut quand même dire qu'il y a ici des des structures où où le dialogue euh existe il y a par exemple un comité d'entreprise qui se réunit quelques fois et devant lequel la direction a plusieurs reprise a expliqué les projets y a aussi une coopérative euh ouvrière où ça s'est fait de la même façon car je sais pas si ça vous intéresse mais enfin sur le l- la structure euh financière pourrait-on dire de du journal il y a une petite particularité c'est que c'est une société anonyme à coopération ouvrière c'est-à-dire que c'est une société anonyme comme les autres euh par actions mais que le nombre des actions à été limité volontairement c'est-à-dire que personne ne peut en posséder plus d'un certain nombre je crois que c'est de l'ordre de soixante-dix ou quelque chose comme ça et le nombre des actions doit être de seize mille c'est-à-dire qui on a absolument écarté la possibilité pour qui que ce soit de jamais détenir la majorité du capital bon et le personnel est euh intéressé au bénéfice alors là d'une façon un petit peu symbolique il faut bien le dire car moi il y a je vous le disais presque vingt-trois ans que je suis ici la répartition du bénéfice s'est toujours traduite par l'octroi de trois mois de salaire supplémentaires c'est-à-dire qu'au lieu de toucher douze mois de salaire tout le monde en touche quinze et quelque soit la situation et le résultat de l'exercice de l'année c'est toujours quinze mois de salaire alors c'est donc un petit peu symbolique si vous voulez ça n'est pas pour euh ça n'est pas sans intérêt pour autant pour le personnel enfin c'est une participation qui n'en est pas une vraiment mais il semble que les gens s'en satisfassent et qu'i- qu'ils en soient content et est-ce que les syndicats influencent enfin influent plutôt sur le contenu des informations ? non absolument pas absolument pas et là je suis très net et je crois pouvoir affirmer que jamais ne viendrait euh à l'idée de qui que ce soit ici euh je dis même pas d'exiger euh que quelque chose soit fait en un sens ou dans un autre dans la présentation du journal mais même de le suggérer on a admis une fois pour toute qui y a ici un état major euh le rédacteur en chef euh en particulier qui a plein pouvoir pour euh ce qui concerne la présentation du journal on a considéré que c'était son affaire que c'était aussi l'affaire des des chefs de t- de service qui travaillent sous son contrôle euh non si vous voulez y a pas du tout y a aucune manifestation de caractère euh politique dans l'activité des syndicats à l'intérieur du journal et ça ne se répercute en aucune façon sur euh la présentation du journal si on prend par exemple euh les événements qui ont eu lieu en mai juin est-ce que à ce moment-là euh le syndicat CGT qui est ici mais enfin euh non euh non d'ailleurs euh je sais pas si vous le savez mais on a été euh on a été de- délivré de tout cas de conscience si vous voulez en ce sens que le syndicat du livre CGT donc et les syndicats de journalistes aussi de leur co- et le syndicat de journalistes de aussi de son côté ont donné pour instruction aux syndiqués de continuer à travailler normalement car dans les événements que la France traversait ils considéraient qu'il était nécessaire que les gens continuent à être informés alors par conséquent y a pas eu du tout on n'a jamais envisagé d'arrêts de travail ah y avait donc pas de problème voilà si vous voulez les gens ont pu penser ce qu'ils voulaient bien sûr m'enfin rien n'a permis de penser qu'il y avait un un remous un malaise euh les ouvriers qui travaillaient ici ont ont subi les les événements les les ont même apprécié comme euh s'ils avaient travaillé ailleurs que dans un journal vous avez parlé tout à l'heure de hum vous avez dit que le le contremaître euh vit à peu près comme son patron et c'est comme vous l'avez dit c'est un phénomène auquel on assiste euh un peu partout euh est-ce que dans le choix du logement le quartier où la personne habite il n'y aurait pas des différences il n'y aurait pas des quartiers ah si alors certainement y a des quartiers résidentiels oui y a des quartiers résidentiels y a encore quelques euh certaines zones euh je vous demande pardon certains zones orléanaises de la ville d'Orléans où euh vous rencontrerez surtout des bourgeois aucun doute vous avez c'est des quartiers y a quelques rues dans le centre comme ça qui ont été des rues euh je pense à celle de la rue Jeanne d'Arc celle la grande rue qui était ouverte euh devant la cathédrale et puis alors y a des quartiers aussi euh un petit peu excentriques en dehors de l'enceinte des boulevards où vous avez les maisons qui qui alors là sont souvent précisément euh je vous le disais tout à l'heure ces maisons assez cossues que des cultivateurs retirés faisaient construire euh surtout à la fin du siècle dernier ou au début de ce siècle par contre euh vous avez aussi des des quartiers populaires vous avez certains quartiers du côté des halles la rue de bourgogne tout ça c'est c'est assez populaire on y trouve beaucoup d'ouvriers mais alors ça aussi ça change énormément ça change énormément parce que euh des programmes de construction de logements ont été réalisés bien entendu il était pas question de les réaliser à l'intérieur même de de de la vieille ville pour des raisons de terrains car y avait de pas terrains disponibles alors on fait ça un peu à la périphérie et on assiste à à ce phénomène que bon nombre de familles ouvrières qui habitaient des quartiers dans la vieille ville vont à la pé- vont s'installer à la périphérie ça c'est très net et par exemple rue de bourgogne je voyais encore récemment que quartiers essentiellement populaires euh on voit beaucoup de volets fermés et des appartements qui sont inoccupés car les gens sont partis dans ce qu'on appelle des HLM maintenant à à la périphérie là il est là il est certain que la la la structure euh sociologique de la ville évolue ça c'est vrai on peut vous demander où vous habitez vous-même ? alors moi j'habite à j'ai un cas particulier car il se trouve que euh je suis logé par le journal le journal est propriétaire de de d'un immeuble qui est de l'autre côté de la rue par rapport à l'immeuble où nous sommes actuellement et j'ai un appartement là-bas hm hm euh ça présente des inconvénients et des avantages c'est pas la peine de de vous le dire m'enfin euh c'est commode pour le journal euh moi ma vie euh tellement fait tellement partie est tellement dépendante de celle du journal que par exemple mon appartement est relié par le téléphone intérieur à mon bureau on peut me joindre de jour et de nuit ça c'est inhérent à mes fonctions c'est comme ça euh c'est très bien alors je dois dire qu'en bon Français euh j'ai une euh j'ai une résidence secondaire car euh il faut de temps en temps se faire un petit peu d'oxygène et j'ai une petite je suis locataire d'une petite ferme en Sologne où on va de temps en temps passer le week-end euh et se reposer en dehors ou enfin non y compris les les lectures que vous êtes obligé de faire dans l'exercice de vos fonctions euh qu'est-ce que vous arrivez à faire comme ou qu'est-ce que vous aimez faire comme lecture ? ah oui alors ça hum je crois qu'il faut dire euh ça doit être le cas de beaucoup de journalistes il en est un peu des lectures comme du logement c'est-à-dire que le que la vie professionnelle conditionne beaucoup le les habitudes dans ce domaine-là vous comprenez bien qu'un journaliste doit lire euh tous les jours euh son propre journal d'abord chez le concurrent ensuite ou les concurrents plusieurs journaux de Paris le soir il faut lire le Monde car c'est bien connu on ne peut pas vivre sans lire le Monde c'est la bible faut lire aussi France soir pour voir euh ce qu'ils ont fait éventuellement ce qu'on ne veut pas faire et puis il faut lire euh euh je lis tous les matins je lis les échos qui est un quotidien d'économie dont je suis d'ailleurs le correspondant il faut lire euh deux ou trois hebdomadaires il faut lire l'Express il faut lire le Nouvel observateur il faut lire savoir en tout cas ce qu'il y a dans le Figaro littéraire il faut lire euh quelle distinction il faut lire euh bah quelques mensuels aussi il faut lire l'Expansion il faut lire euh enfin euh tout ceci pour vous dire que quand on a lu tout ça ben il reste plus beaucoup de temps pour lire ce qu'on a envie de lire alors il faut quand même connaître les les quelques prix littéraires qui sortent dans l'année et puis alors quand il me reste un peu de temps ben je lis ce que j'ai envie de lire alors moi je je vais peut-être vous faire rire mais en ce moment par exemple je suis en train de lire les problèmes du langage ou des plutôt des problèmes de langage par monsieur Grevisse qui est un excellent linguiste un très grand grammairien qui est un des meilleurs à mon avis un des meilleurs spécialistes de la langue française euh on n'est pas très fier de le dire car il est belge il en est d'autant plus conscient hm ouais nan alors moi euh je m'intéresse euh à ces questions-là au fond vous voyez je suis un petit peu poursuivi toujours par par ce métier parce que pour un journaliste euh essayer de de se perfectionner toujours dans la langue française enfin surtout auprès d'un auteur qui qui qui suit beaucoup l'évolution de la langue et qui partisan d'un d'un Français moderne au fond sinon révolutionnaire vous voyez qui reste plus grand place alors si mais j'aime bien lire euh j'aime beaucoup Simenon par exemple je trouve que c'est un grand romancier alors de temps en temps je me fais le petit cadeau de de de lire un un Simenon ou ou de ces romans modernes euh qui souvent déçoivent parce que je sais pas hein je sais pas je suis pas tout à fait d'accord avec le nouveau roman voilà alors vous savez quand j'ai consacré euh deux heures par jour à la lecture ben c'est c'est tout ce que je peux faire alors je lis un peu en vacances je lis l'hiver quand euh j- je me réfugie à la montagne l'hiver je prends mes vacances l'hiver parce que je préfère ça alors là je j'essaye d'emporter les les quatre ou cinq bouquins que je me suis promis de lire pendant l'année puis j'ai jamais pu arriver à les lire je peux pas vous dire de je peux même pas dire à quels genres ils appartiennent c'est difficile quelques fois le le hasard dans le journal euh dans le Monde j'ai vu qu'on disait du bien d'un d'un bouquin alors je le lis quand même par rapport à la lecture euh des autres distractions euh ah bah y en a peu parce que moi je dois dire que j'en ai peu parce que je suis vraiment très pris oui je suis très pris par mon métier et j'ai peu d'autres distractions je fais un peu je fais un peu de pêche à la ligne ou quelques fois je fais un petit peu de bricolage j'aime beaucoup travailler de mes mains ça me repose alors je fais je fais de la menuiserie je fais des choses comme ça j'ai restauré la petite ferme que nous avons en Sologne j'ai fait de la maçonnerie un peu de tout hm mais pas assez aller pour mon goût non mais vraiment on est vraiment très pris par notre métier on a peu de loisirs faut l'aimer alors il faut l'aimer je crois m'enfin moi je suis très heureux comme ça bon enfin on vous a déjà retenu euh largement au-delà de l'heure que vous aviez prévu non mais non parce que une détail oui je vais est-ce que je pourrais vous demander l'orthographe du nom de cette nouvelle machine électronique euh qui est robotype ? oui robotype je crois que s- robotype robotype je crois que c'est comme un robot ROBO et puis type ? type ah bon il y a un T à robot en français mais je crois pas qu'il y soit au fond si vous voulez je peux vous dire en deux mots de quoi il s'agit où c'est ou vous savez comment ce ce ça se passe sur une dans une linotype vous savez qu'on tape sur un clavier bien sûr que ça décroche euh les matrices correspondantes euh dans un magasin que les lignes sont composées ligne par ligne que on envoie une fou- une euh coulée de plomb sur ces matrices et que la ligne sort bon le le robo- la robotype c'est une autre méthode euh on tape sur un clavier qui est comparable à celui d'une machine à écrire et on perfore une bande petite bande de papier ce qui fait que les caractères se trouvent euh euh représentés par euh des petits trous et après on revient si vous voulez à l'ancienne formule au lieu d'avoir euh des linos on a de grosses linos qui ont un débit beaucoup plus rapide et qui sans l'intervention d'un opérateur déchiffrent la bande perforée et à ce moment-là on retombe dans l'ancienne technique ce qui fait que la production est beaucoup plus rapide mais ça n'est si vous voulez ça n'est qu'un stade car euh on s'oriente euh vers les lumitypes enfin c'est tout autre chose on f- on va certainement dans deux ans on va aborder une euh une formule qui fera complètement disparaître le plan des imprimeries c'est-à-dire que par des procédés que je vous expliquerai pas parce que d'abord je les connais pas bien euh on arrivera à impressionner des des films photographiques directement et on passera à ce moment-là avec l'offset ce sera très très facile car l'offset ça consiste vous savez à photographier une page dans laquelle il y a des textes imprimés et les photos ou des documents photo alors au fond on va uniquement travailler sur du film les caractères étant directement impressionnés sur le film ça ça sera la seconde étape de nos transformations grande étape où on verra enfin disparaître ce plomb qui qui est depuis des siècles dans les imprimeries le piont le plomb ou le métal de manière générale on a commencé par le bois après ça a été le métal et là on est au plomb mais c'est c'est fini s- ça sera vraiment le grand virage hm alors j'aurais juste euh une ou deux questions mais je vous en prie précises à faire pour compléter nos fiches hm hm euh j'ai à peu près compris quel âge vous avez j'ai je suis né en mille neuf cent vingt-six mille neuf cent vingt-six j'ai quarante deux ans oui et vous né à Orléans ? hum hum je suis né à Orléans vous avez vécu toute votre vie à Orléans ? tout ma vie à Orléans oui oui et vous avez poursuivi vos études juqu'au baccalauréat ? baccalauréat oui au lycée ? au lycée à Orléans au lycée lycée j'ai fait passer le baccalauréat philosophie lettres ah oui vous êtes marié ? je suis marié je n'ai pas d'enfant pas d'enfant hm euh et vous habitez en face euh oui vous avez eu parlé déjà de vos habitudes de lecture oui euh vos croyances religieuses si ça ne vous gêne pas euh j- non ça ne me gêne pas j'ai j'ai reçu une éducation catholique mais je ne pratique pas la religion catholique bien je pratique aucune religion et comment vous définiriez-vous hum si on vous demandait à quelle classe euh vous appartenez ? oh disons j'appartient aux cadres c'est l- c'est la formule je suis un cadre euh je suis un cadre qui est entre euh selon qu'on est pessimiste ou optimiste on peut dire que je suis un cadre moyen ou un cadre supérieur et euh j'avais une autre question non mais de quoi vous y avez largement répondu euh c'était de celle de savoir dans quelle mesure vous vous sentiez orienté vers la localité où vous vivez ou bien euh oui alors ça je dois dire que bien sûr j'appartiens je suis orléanais j'aime j'aime cette ville euh j'y ai ma famille euh bien sûr j'y ai mes amis mais et je suis très attaché à ce journal que je trouve intéressant qui qui qui va de l'avant par conséquent c'est intéressant de travailler dans une entreprise comme celle-là mais si le le hasard avait voulu que que je j'aille travailler ailleurs ça ne m'aurait pas gêné je crois que j'aurais fait le sacrifice très volontiers si j'avais été sûr de trouver les satisfactions professionnelles car au fond je crois que ce qui a toujours guidé mon mon existence c'est le c'est le métier et si j'avais été sûr de trouver un m- un poste qui me convienne mieux où je fasse du travail plus intéressant je serais parti oui hm mais ça n'a pas été nécessaire voilà ça je crois que c'est de la sagesse est-ce que euh est-ce que votre femme travaille ? non ma femme ne travaille pas