de la bande on a quand même la conscience plus ou moins tranquille dans la mesure où
nous recueillons euh
une documentation destinée à l'enseignement et à la à la recherche
n'est-ce pas
donc nous pouvons tous faire abstraction de nos propres idées sur quelque question que ce soit
ce qui est très reposant
et nous espérons que nos témoins euh
enfin ferons de même parce que
ce que nous cherchons à avoir c'est un témoignage euh varié
sur tous les aspects de la ville d'Orléans
témoignage qui
sera euh
s'accompagnera de l'expression française de chacun des témoins
parce que ce sont des choses que
nos étudiants en Angleterre n'ont pas le l'occasion de d'avoir pour eux-mêmes
parce que même s'ils viennent en France le plus souvent ils ne rencontrent qu'un tout petit cercle
une seule famille
ou un petit groupe d'étudiants
hm
alors je crois que ça peut leur donner
une sorte d'illustration vivante
n'est-ce pas de des différents aspects de la civilisation française
et nous avons choisi Orléans parce que
ça nous semblait une ville à la fois intéressante et assez commode parce que on peut quand même faire le tour de la ville plus facilement que euh dans
hm hm
Lyon ou Marseille
et vous êtes vous-même professeur en France ?
je suis
professeur de français en Angleterre
ah
je croyais que vous étiez professeur de français en France
non
à vous entendre
quand même pas
et vous-même monsieur vous êtes également anglais ?
oui c'est cela
très bien
tous les trois donc
ah oui
oui c'est
c'est une invasion
et vous m'avez
très originale
dit que vous avez retardé votre voyage en France
en raison des évènements
vous m'avez dit d'ailleurs une phrase qui m'a bien intéressé vous m'avez dit
je crois qu'il y a eu certains évènements en France euh
que vous devez connaître et qui nous ont empêchés de de venir au mois de mai
oui et cela d'ailleurs malgré euh
à l'encontre de tous nos instincts
d'instinct nous aurions été là sur place
depuis le début du mois de mai mais malheureusement
c'était pas possible
transport
d'accord
et
oh puis
autant de problèmes matériels
y il n'y avait pas que les transports
euh
il n'y avait pas que la grève des transports qui vous empêchait de venir
et pourtant vous avez manqué une excellente occasion
d'entendre euh dialoguer tous les français ensemble
oui
car du matin jusqu'au soir
tous les français ont dialogué
et vous auriez pu enregistrer
et vous auriez eu tous les tons
et toutes les nuances
oui c'est une occasion
sûrement
manquée en
oui
effet
no- et que nous regrettons beaucoup d'ailleurs
mais alors là vous êtes en France pour combien de temps maintenant ?
maintenant pour euh une dizaine de jours
hm
une dizaine de jours
nous faisons maintenant une pré-enquête
n'est-ce pas euh
écoutez à la base de
sur la base de l'analyse de cette pré-enquête nous avons décidé des lignes à suivre dans l'enquête principale qui se fera en mars
de l'année prochaine
mars ou avril prochain
je crois au mois de mars
mais alors c'est tout une organisation scientifique qui se met sur pied
oui scientifique c'est beaucoup dire
si je comprends bien
hm hm
mais
nous sommes
nous essayons d'organiser les choses
j'espère que ça ira d'une
scientifique mais
nous allons voir
nous essayons de faire preuve de
vous voulez euh enregistrer le maximum
de témoignages
dans tous les milieux
c'est s-
de la population
c'est ce-
orléanaise
c'est ça oui
d'une part euh
des témoignages de personnes
enfin qui ont plus ou moins une position plus ou moins officielle
hm hm
et d'autre part ce que j'ai nommé les aléatoires c'est des gens qu'on choisit un peu au hasard
hm hm
et à qui on pose des questions sur euh la vie euh leurs idées enfin
c'est ça
et nous aimerions aussi
euh
monter si c'était possible des petites discussions où les gens parleront peut-être plus librement que
que en face de nos questions
hm
de façon à voir exactement comment les gens se comportent en petits groupes quand ils discutent de quelque chose
hm hm
oui je vous avais indiqué un certain nombre de noms
sur Orléans
euh mais dans ce stade préliminaire vous ne voyez que quelques personnes probablement
en effet
c'est ça
oui oui
pour l'instant
une quinzaine une vingtaine
voilà oui
très bien
enfin j'avais pensé que pour commencer
euh je vous demanderai
de nous parler de la spécificité d'Orléans
dans les domaines qui vous intéressent en quoi Orléans
serait-il
différent d'une autre ville ?
euh
enfin de votre point de vue
de notre point de vue vous voulez dire du point de vue religieux du point de vue catholique alors ?
oui c'est ça oui
n'est-ce pas ?
hm
en se plaçant sur le point de vue de l'Eglise
c'est ça oui
en quoi
par exemple
euh
enfin même pour être plus concret euh dans le travail de tous les jours
euh
est-ce qu'il y a des difficultés spécifiques à Orléans que vous n'auriez pas ailleurs ou bien des avantages euh
qui sont particuliers à Orléans ?
oui
ben c'est qu'une question évidemment qui est un peu
un peu piquante et brûlante n'est-ce pas
je ne l'avais pas voulu tel
rapide
c'est vrai
non c'est parce que
il ne faudrait pas être chauvin n'est-ce pas
en disant que nous trouvons que notre ville a tous les avantages et que les autres n'en ont aucun
euh il faut être loyal
alors évidemment euh
on aime bien notre secteur d'Orléans parce que
parce que on est originaire de la région
parce qu'on a toujours vécu dans dans cette région du Centre alors euh
on y voit quand même un certain nombre d'avantages comme on est attaché à son pays natal
hm hm
alors si maintenant vous nous demandez de l'analyser de l'extérieur pour savoir euh quels sont les avantages réels
qu'il peut y avoir
je vous dirais que c'est une ville qui qui est du coeur
c'est du coeur de la France c'est
c'est dans la moyenne
vous entendrez dire certainement
par beaucoup d'autres de
des personnes avec lesquelles vous vous entretiendrez
que nous sommes un département moyen parce que
nous sommes le département de quarante-cinq
en France
quarante-cinq
il y a à peu près quatre-vingt-dix départements
et nous portons le numéro quarante-cinq
c'est dire que nous sommes dans la moyenne
alors on peut appeler la moyenne comme un peu au-dessus de la médiocrité
ou comme un peu en-dessous
de euh
de ce qui est mieux quoi
nous sommes dans la moyenne
et
notre euh
notre place si vous voulez dans l'Eglise de France nous sommes aussi dans la moyenne
euh il y a des régions de France qui sont dites des régions euh
très chrétiennes
il y en a d'autres qui sont dites des religi- des régions euh
peu chrétiennes
nous c'est dans la bonne moyenne
on est bien avec tout le monde
voilà
il y a un un fond général de
de sympathie de la population locale envers l'Eglise
nous entretenons certainement de bonnes relations avec tout l'ensemble
des
des hommes qui partagent notre diocèse
mais
il n'y a
pas d'excessif
et puis je crois aussi qu'il y a quand même euh
un une sympathie générale envers l'Eglise qui fait que nous pouvons travailler à notre mission
dans des conditions assez bonnes
hm hm
bonnes
on est dans la moyenne
on est dans la moyenne
alors euh
dans le l'Orléanais si vous voulez
nous
nous avons plusieurs euh
plusieurs régions géographiques
et chaque région géographique a aussi son comportement
euh
vis-à-vis de la foi vis-à-vis de l- de l'Eglise vis-à-vis de la vie chrétienne
hm hm
on dit que euh
il y a la région de Beauce
dans la région de Beauce on dit que
la culture est une culture euh qui rend bien mais qui demande beaucoup de travail
c'est une terre solide c'est une terre forte
c'est long à mûrir et à pousser mais c'est solide
alors on dit que le tempérament du Beauceron est un tempérament euh volontaire travailleur mais fidèle
et quand il a donné sa sa foi
à quelqu'un
c'est durable
euh nous le ressentons certainement
euh dans le comportement religieux
il y a des
des traditions de famille
qui se transmettent dans le domaine religieux comme dans tout le domaine du travail du sérieux de l'économie de la résistance
des cultures euh
y a la la tradition familiale
nous sentons très bien que lorsque la foi euh est implantée dans une famille
c'est solide
hm
on n'a pas peur de l'effort
et euh les curés qui sont en Beauce
sentent cet attachement de la de la population
mais on sent aussi que le Beauceron n'accorde euh sa fidélité
que après avoir bien connu
il faut avoir fait ses preuves
soi-même d'attachement au pays
le Beauceron sait observer longtemps
mais nos prêtres de Beauce qui sont les curés de campagne
euh ont en général avec leur population
cet euh s- ce lien si vous voulez qui n'est pas superficiel mais en profondeur
euh qui correspond bien à la fidélité d'une d'une race
hm
et puis
nous avons une autre région qui est le Gâtinais
le Gâtinais lui c'est une région beaucoup plus
euh boisée d'une part
et puis beaucoup plus euh
vouée à à l'élevage
et il y a aussi de la très bonne culture
mais hum euh le Gâtinais est très accueillant
il est très bienveillant
il est très aimable
mais euh
on ne trouve pas si vous voulez euh la même profondeur d'attachement à la foi chrétienne dans le Gâtinais
hm
et puis c'est un pays dans lequel on aime la bonne vie
c'est un pays très joyeux
euh les fêtes y sont plus plus nombreuses
hm
euh
je pourrais vous dire que certainement
euh la morale chrétienne euh paraît plus difficile euh à nos gens du Gâtinais que dans la Beauce
euh c'est aussi une des raisons pour lesquelles euh
euh
l'attachement est peut-être moins en profondeur
mais ils gagnent tellement en spontanéité en en amabilité en gentillesse
hm
qu'ils euh
qu'ils ont peut-être d'avantage si vous voulez de l'évangile la
la caractéristique de la sympathie de l'accueil et de la charité
mais que il faudrait peut-être moins moins chercher du côté du renoncement ou de ou de l'austérité
est-ce qu'il y a une différence nette euh
parmi euh les différentes couches sociales
dans la mesure où vous arrivez à à les toucher à les attacher
à l'Eglise c'est-à-dire que euh
est-ce qu'il y a des couches sociales qui plus que d'autres disons dans Orléans même où évidemment la la société est plus stratifiée peut-être euh
plus variée que qu'à la campagne
oui alors là on aborde l'autre point de vue qui n'est plus le point de vue géographique
mais qui est le point de vue sociologique
oui
n'est-ce pas les différentes couches de la société
euh il est bien vrai que dans les campagnes le prêtre est à même de de côtoyer tout le monde
hm
n'est-ce pas
il y a beaucoup moins de dis- de distinction entre euh les contacts que peut avoir le prêtre et puis les classes dirigeantes
et le prêtre et et le monde ouvrier
le prêtre connaît très bien tout le monde
et il est en contact avec tout le monde dans un petit pays
hm hm
lorsqu'il s'agit d'une grande ville comme Orléans
le prêtre est bien plus en contact avec ceux qui viennent le voir
parce qu'il ne peut pas être en contact avec tout le monde
hm hm
alors ceux qui viennent le voir ce sont les les hommes qui ont une euh formation chrétienne et qui font partie de la paroisse
et qui viennent à l'occasion de l'éducation des enfants
à l'occasion des offices à l'occasion des cérémonies religieuses
euh qui viennent pour les baptêmes pour les mariages les enterrements
euh qui viennent toujours pour un but précis qui a trait à la euh
à la vie euh chrétienne
mais euh les contacts du prêtre avec euh les couches euh
avec les problèmes
directs des hommes qui sont le le travail euh sous tous ses aspects
euh ces ces problèmes-là sont certainement plus difficiles à aborder
parce que le nombre des prêtres en ville est quand même très petit par rapport à la proportion de la campagne
hm hm
alors vous abordez là tout
tout cet aspect de l'effort de l'Eglise actuelle
pour n'être pas simplement en contact avec
ceux qui traditionnellement sont chrétiens
mais le problème de l'Eglise du contact avec tous les hommes
et en particulier avec ceux qui
qui sont plus plus éprouvés quoi dans le travail
vous connaissez bien les problèmes actuels
euh je n'ai pas l'intention en ce moment de pouvoir vous exposer
quelles sont les difficultés de contact qu'il peut y avoir entre les Eglises
que ce soit l'Eglise catholique l'Eglise protestante l'Eglise orthodoxe et toutes les Eglises et le monde des travailleurs
nous connaissons tous n'est-ce pas tellement le monde des travailleurs depuis un siècle a été travaillé
par le thé- les théories du marxisme
et nous savons très bien quelle que soit l'Eglise à laquelle nous appartenons
nous savons très bien que euh une grande frange du monde des travailleurs est séparée de l'Eglise
hm
euh avec des a priori peut-être avec des jugements parfois vrais
mais c'est un fait
et alors il y a certainement depuis une vingtaine d'années en France un effort considérable et surtout depuis la guerre de de quarante n'est-ce pas
il y a un effort considérable de rapprochement
alors cela se manifeste euh
de beaucoup de beaucoup de manières
vous avez eu l'expérience des prêtres ouvriers
nous en avons quelques uns dans le département
et il est certain que cela est une occasion pour eux
en même temps de donner aux prêtres dans leur ensemble un écho du milieu ouvrier
et en même temps de donner dans le monde ouvrier un aspect de ce qu'est vraiment le prêtre
hm
en dehors de toutes les apparences qu'il peut y avoir
dans une société où tout est organisé réglé
où l'on met des étiquettes sur les personnes
et il y a certainement des prêtres qui dans ce domaine-là réussissent à manifester euh
un visage tout différent de celui que croit être le monde ouvrier lorsqu'il parle du prêtre
nous avons aussi euh beaucoup de prêtres qui sont en contact euh très étroit avec les chrétiens qui qui sont dans tous les milieux
euh l'action catholique de ce côté-là est bien développée dans l'ensemble du département
ce sont au fond les
les chrétiens des différents milieux qui se réunissent ensemble
et qui essayent de se demander comment ils peuvent vivre en chrétien dans les milieux du travail
alors nous avons un évêque ici à Orléans monseigneur NPERS
qui est très très attaché
à cette forme de présence de l'Eglise dans le monde entier par l'intermédiaire des des chrétiens qui vivent euh dans les différentes formes
hm
de
de la vie actuelle
et qui pousse beaucoup ses prêtres à à se soucier des problèmes du monde
est-ce que l'expansion d'Orléans vous a euh
incité à prendre euh
des mesures enfin pour essayer de toucher les nouveaux
nouveaux venus ?
hm hm
bien Orléans est une ville
était une ville tranquille
c'était une ville tranquille paisible
euh disons une ville bourgeoise au au bon sens du mot d'autrefois
une ville euh
sans sans histoire
et euh
vous avez une preuve que les habitants d'Orléans
aimaient la tranquillité
c'est que
lorsque fut inventée
cette chose extraordinaire que l'on appelle
les chemins de fer
les Orléanais de ce temps
préférèrent la tranquillité de la ville au bruit des machines
et c'est pourquoi ils refusèrent que leur ville
reçût t- ait une gare
c'était bruyant c'était l'occasion de de mettre la perturbation
alors la gare d'Orléans s'est créée en dehors d'Orléans
aux Aubrais
hm
et puis la gare d'Orléans s'est développée
aux Aubrais
et puis
lorsque les Orléanais se sont aperçus que l'avenir était dans
dans le chemin de fer
ils ne pouvaient plus être question de ramener la gare des Aubrais dans la gare d'Orléans
alors voilà pourquoi vous avez deux gares à Orléans
vous avez une petite gare qui assure la navette et qui qui qui rejoint les Aubrais
et puis vous avez la grande gare de trafic qui est celle des Aubrais
alors on a ça pour tout à peu près voyez-vous
Orléans
est une ville
qui aimait sa tranquillité
et puis
et puis Orléans s'est trouvé d'un seul coup bouleversé n'est-ce pas
parce que à la suite de de quarante-cinq et de la guerre
euh Orléans est petit à petit devenue une zone industrielle
et puis c'était la dis- décentralisation de Paris
et puis après c'était la création de l'université euh de la Source à Orléans
et puis il faut bien dire qu'il y a un maire à Orléans qui désire beaucoup beaucoup le développement de la ville
hm
qui a fait tout
pour qu'il y ait ce développement industriel
pour qu'il y ait le développement de
intellectuel
avec la création de l'université de la Source
et puis qui fait tout
pour que euh la ville ait des relations avec le monde entier
la ville est jumelée n'est-ce pas avec un certain nombre de villes étrangères
et puis
les fêtes de Jeanne d'Arc sont l'occasion de renouer des liens d'amitié avec toutes sortes de nations étrangères
si bien que
tout cela a amené chez chez les Orléanais
euh la nécessité de
de voir autre chose que la tranquillité
je ne dis pas que les Orléanais sont toujours bien d'accord
parce que toute cette expansion
impose évidemment des charges
et qu'ils aimeraient peut-être mieux avoir une bordure de rue et un trottoir bien pavé devant eux toujours admirablement entretenu
euh plutôt que de savoir que l'on fait des travaux importants à la Source pour pouvoir y construire l'université
li- l'université c'est à cinq kilomètres tandis que mon morceau de pavé il est devant ma porte
alors euh
cela vous dénote un petit peu
le désir de l'Orléanais d'avoir une vie un peu tranquille
hm
alors nous nous avons ressenti la même chose
le clergé d'Orléans est un clergé extrêmement
c'était un clergé euh
c'était et c'est c'est toujours
mais enfin c'était un clergé très très digne
nous avons
nous avons eu la marque pendant
pendant une centaine d'années n'est-ce pas ?
de personnalités très marquantes qui ont formé le clergé
il y avait monseigneur NPERS
c'est un très grand évêque de France
et
monseigneur NPERS
s'était beaucoup penché sur l'éducation de de la jeunesse
hm
et en particulier du jeune clergé
et il avait exigé de son clergé une tenue un ordre un
le le prêtre devait être un un un notable du pays euh non seulement dans le domaine des
de la foi et des moeurs mais dans le domaine n'est-ce pas de la vie courante
et puis nous avons eu des supérieurs de grand séminaire qui sont restés très très longtemps
et qui ont donné au clergé une habitude de régularité de sérieux de foi profonde
et euh
il se mêlait si vous voulez dans le cler- dans le clergé orléanais
en même temps un un soucis de vie chrétienne profonde de renoncement très grand
de très grande fidélité à son sacerdoce
et en même temps un désir de
un
un désir de de noblesse de dignité
et
i- il n'y avait pas de laisser-aller
hm
à aucun point de vue
simplement un cl- un clergé n'est-ce pas très distingué
et ce ce qui dans
dans les diocèses des environs
euh donnait l'occasion de quelques boutades
quoi on disait lorsqu'on parle d'un prêtre de Chartres
on dit c'est un gars de Chartres
mais quand c'est un prêtre d'Orléans
on dit c'est un monsieur d'Orléans
nous avions cette cette boutade ce qui ce qui dénotait
que euh
euh il y avait quoi un un désir
non pas un désir c'était la formation générale qui était donnée
et qui faisait que il y avait en même temps une euh
un sens de la de la dignité en même temps qu'un sens du
du rôle profond du prêtre
le recrutement et la
chose
formation du clergé se font sur un plan local ?
euh
jusque
maintenant
le Loiret réussissait
à avoir un séminaire
avec euh cinquante soixante séminaristes
ce qui euh lui permettait d'avoir un séminaire à lui
et monseigneur NPERS le prédécesseur de monseigneur NPERS
avait toujours tenu
à ce que le clergé euh soit formé dans le diocèse
hm hm
parce que pour lui
le le clergé était formé pour un diocèse
hm
c'était des prêtes n'est-ce pas originaires d'un pays
ils étaient formés pour l'apostolat dans ce pays
et il voulait que ils soient en contact pendant leur formation au grand séminaire
avec euh la pastorale les moyens d'action qui étaient dans les paroisses
pour que le prêtre soit vraiment euh bien inséré dans son rôle
hm hm
et monseigneur NPERS n'était donc pas partisan des regroupements de séminaires
cela évidemment nous a fait critiquer aussi un peu par les voisins
parce que les voisins disaient
nous aurions grand grand besoin d'avoir un séminaire commun parce que nous n'avons pas beaucoup de monde
dans nos séminaires
et il est difficile d'assurer toute la formation avec des effectifs restreints
et les diocèses voisins auraient bien voulu se regrouper avec celui d'Orléans
hm
et
et puis les choses ont évolué
monseigneur euh NPERS a été remplacé par monseigneur NPERS
et monseigneur NPERS a une toute autre vue
et il désire au contraire beaucoup qu'il y ait des échanges
c'est un évêque qui est très missionnaire
puisqu'il a fait partie de la commission des missions au concile
et c'est un évêque qui est très lié avec beaucoup de prêtres de l'Afrique et de l'Amérique
qui circule beaucoup
qui connaît très très bien les problèmes du clergé et de l'Eglise
aussi bien en Afrique qu'en Amérique
monseigneur NPERS est très souvent
en contact avec euh ce clergé et même très souvent aussi absent pour être en contact avec ce clergé
et pour lui euh le département n'est plus euh la cellule de base c'est la région
la région apostolique
et il est donc tout à fait orienté pour un travail en collaboration avec les autres évêques
et il se trouve en même temps
que le nombre des séminaristes chez nous a beaucoup diminué
si bien que il est impossible
de faire vivre nous retrouvons
nous la même difficulté qu'avaient les diocèses voisins
et nous sommes obligés aussi ne serait-ce que pour organiser vraiment un séminaire avec des études solides et des professeurs assez nombreux
nous sommes aussi obligés de nous regrouper
hm hm
si bien que la le changement des personnes
et la diminution du nombre des vocations
nous ont amenés à nous insérer dans le mouvement euh régional
hm
et euh les jeunes du séminaire d'Orléans des deux premières années
c'est-à-dire les deux années qui suivent le baccalauréat
les deux années de philosophie ne se font plus à Orléans mais se font à Tours
hm
mais par contre nous recevons dans les trois dernières années
pour les années de théologie nous recevons les séminaristes des autres départements de la région
hm oui
est-ce que en fonction de
tous les nouveaux besoins dont vous avez parlé tout à l'heure
la présence
la présence chrétienne dans des contextes industriels par exemple euh
euh le problème euh
du marxisme
est-ce que par conséquent la formation de séminaristes euh a dû évoluer ?
euh c- est-ce que le contenu a dû changer ?
pour faire face à ces nouveaux problèmes ?
par rapport à
et bien il y a
il y a d'abord alors je vous
pour terminer justement ce que je disais tout à l'heure
nous étions
nous
dans l'Eglise un peu marqués par le euh le climat général d'un peuple sans histoire et tranquille
et qui euh depuis vingt ans euh devant l'afflux de toute cette modernisation
euh nous avons été aussi amenés à euh repenser
l'ensemble de la pastorale ce que nous appelons la pastorale c'est-à-dire le contact au fond
euh du prêtre avec les chrétiens et avec les hommes de notre temps
alors euh je vous ai dit tout à l'heure
les les éléments de réponses
je dis bien les éléments
oui
les éléments de réponses
il y a d'abord qu'il faut se connaître
euh alors on se connaît en étant en contact très étroit
avec les chrétiens qui sont eux-mêmes engagés dans les différents milieux sociaux et professionnels
ce que je disais tout à l'heure de l'action catholique
alors il y a beaucoup de réunions sur la ville d'Orléans de ces chrétiens par milieu de travail
alors vous connaissez peut-être l'organisation française enfin elle doit être analogue dans les autres euh nations
de l'action catholique
il y a le milieu ouvrier il y a le milieu indépendant
il y a le milieu étudiant pour les jeunes
il y a un s- y a un certain nombre de
il y a le milieu agricole
ou le milieu rural
alors nous nous efforçons
en tant que prêtres
d'être très à l'écoute
de tous les problèmes de ces différents milieux
hm
alors cela c'est le domaine je dirais de du contact au premier degré c'est-à-dire avec ceux qui quand même tout en étant de tous les milieux ont déjà le contact habituel avec l'Eglise
c'est-à-dire des des chrétiens de la paroisse
et puis il y a ensuite une recherche d'un contact plus plus direct encore
avec ceux qu'on ne voit jamais
à l'Eglise
et alors c'est l'expérience de ces prêtres dont j'en parlais tout à l'heure
prêtres ouvriers dans le monde du travail
qui prennent un métier
et puis
où il y a les
où les expériences
de religieux missionnaires
qui sont venus s'implanter dans dans le diocèse dans le monde rural
et qui sont en contact direct avec euh les les gens du pays
je pense aux frères missionnaires des campagnes
c'est le but de la congrégation
de venir vivre au milieu des ruraux
alors euh soit des ordres euh religieux d'hommes
qui vivent au milieu des ruraux en en allant faire la moisson avec eux euh à la manière des ouvriers dans les entreprises
et qui retrouvent leur communauté le soir
ils sont si vous voulez hommes avec les hommes ils sont
ils sont travailleurs avec les travailleurs
et en même temps euh
cela leur permet
d'êt- d'apporter quand cela est nécessaire
la réponse de l'évangile aux problèmes des gens
ou alors simplement
de vivre dans une grande charité et d'une grande amitié
car au fond
c'est de là que part à peu près tout le reste
alors il y a aussi les soeurs missionnaires
des soeurs missionnaires
euh des campagnes
qui de la même manière
s'en vont travailler comme aides familiales elles vont faire la cuisine vont faire le ménage
euh dans dans les familles
de plus en plus euh
au lieu de d'avoir des ordres religieux qui
qui vivent euh entre eux
euh dans le travail manuel et la prière
mais d'un travail manuel qui est uniquement chez eux
euh nous avons des religieux qui s'en vont travailler en dehors comme comme des salariés
hm hm
hm hm
qui en sont au minimum vital
et puis euh
qui se retrouvent pour la prière la vie de communauté le soir le dimanche
mais qui dans la journée sont sont des travailleurs
dans dans les différents milieux un peu partout
c'est
voilà quelques quelques essais si vous voulez de contact avec ceux qui
ceux qui ne viennent pas habituellement
oui
mais le problème de des prêtres
est très difficile parce que
euh nous ne sommes pas très nombreux
et euh le simple service paroissial est lui-même très absorbant
très très absorbant
car euh bien que il n'y ait pas une pratique religieuse abondante
de la part des chrétiens
nous avons cependant une quantité de Français
qui viennent euh demander à la paroisse
les services religieux quelques fois dans leur vie
et c'est toujours l'occasion des baptêmes des premières communions des confirmations des mariages des enterrements
mais
il y a très peu de prêtres si bien que si on le voulait depuis le matin jusqu'au soir on serait toujours
euh uniquement dans son bureau à recevoir ceux qui viennent il y aurait toujours du travail
et
alors euh nous avons dans le clergé
deux courants
le courant de ceux qui disent mais nous avons déjà un travail qui est considérable en recevant les personnes qui viennent nous voir
ne serait-ce que pour les conseils à recevoir
ou pour des actes religieux qui sont à préparer
comme des baptêmes comme des mariages comme des communions des enfants
alors euh nous n'arrivons déjà pas à faire face à ce qu'on nous demande
nous ne voyons pas comment nous pourrions encore aller au-delà de ce qu'on ne nous demande pas
et puis il y a d'autres prêtres qui disent
mais
ceux qui ne nous demandent pas
ne nous demanderont jamais
donc euh si nous n'y allons pas les premiers
l'Eglise n'aura jamais de contact avec tous ceux qu'elle ne voit jamais
donc il vaut mieux laisser tomber
la demande de ceux qui viennent nous trouver
en mettant sur la porte absent
et puis euh s'en aller pendant ce temps-là
prendre la pelle et la pioche ou le pinceau ou le marteau
et passer sa journée dans une usine à travailler avec ceux qui travaillent
et là on verra des quantités de gens qui ne viennent jamais
mieux vaut mettre absent à ceux qui viennent
que d'être absent
de tous ceux que l'on ne verrait jamais
alors vous avez deux courants
deux courants d'esprit deux deux manières de voir les choses différemment
qui toutes les deux s'inspirent d'un même désir d'être fidèle à la mission que l'on a reçue
qui est une mission de présence dans le monde et d'annonce de l'évangile dans le monde
mais les deux manières qui partent d'un même principe
sont diamétralement opposées
les uns disent pour être présents restons
les autres disent pour être présents partons
mais les deux veulent être présents
alors entre les deux
il y a ceux qui essayent
euh d'être en même temps et présents et et absents
c'est-à-dire euh
qui savent très bien qu'ils ne peuvent pas s'engager à longueur de journée dans la vie du travail des hommes parce que
ils estiment que ce n'est pas leur place
hm
qu'ils ont un autre ministère à faire
mais qui essaient quand même d'être extrêmement près des soucis de de leurs paroissiens
hm
alors vous vous entendez dans l'Eglise euh des des personnes qui
qui se plaignent en disant nous nous ne voyons plus nos prêtres
vous avez beaucoup de malades qui disent autrefois y a vingt ans
euh il y avait dans la paroisse un prêtre qui voyait tous les malades
qui leur rendait visite
maintenant quand on sonne quand on appelle au téléphone pour avoir un prêtre y a jamais personne
ils sont toujours partis
et il est vrai que
le genre de ministère est est différent
le prêtre autrefois faisait le catéchisme pour tous les enfants
nous cherchons maintenant des méthodes où dans les différents quartiers dans les rues
dans les différentes implantations ce sont des chrétiens qui font le catéchisme aux enfants du coin
alors c'est tantôt un père de famille après son travail le soir
c'est une maman euh dans la journée quand ce sont des plus petits
euh
c'est un peu toutes les catégories sociales il y a des ouvriers des professions libérales
il y a de tout
et euh
nous essayons si vous voulez
de faire en sorte que toute la communauté chrétienne soit associée au rôle de de l'Eglise
parce que l'Eglise ce n'est pas simplement
la hiérarchie ce n'est pas simplement l'évêque et les prêtres
l'Eglise c'est tous les chrétiens
le peuple de Dieu
cette idée euh
évidemment est euh
est d'origine si l'on peut dire
mais euh
est-ce que c'est une idée qui ne reprend pas justement aujourd'hui euh
un renouveau de force ?
ah si
partout
oui
oui
je crois qu'il y a
il y a certainement une orientation très nette de l'Eglise d'aujourd'hui sous le souffle de l'Esprit saint parce que
le concile a fait reprendre conscience davantage à tout le monde que l'affaire de l'Eglise que l'affaire de la foi
ce n'est pas l'affaire simplement euh de l'évêque du pape ou des ou ou des prêtres mais que c'est l'affaire de tout le peuple chrétien
cela est certain
oui oui
euh
maintenant l'Esprit saint se ch- se se sert de de tout ce qui est humain pour faire passer des courants d'esprit dans le monde
et le fait
qu'il n'y ait plus beaucoup de prêtres
et qu'il y ait beaucoup
de jeunes
puisque il y a partout un mouvement démographique important
le fait qu'il y ait moins de vocations
et qu'il y ait de plus en plus de jeunes
amène automatiquement à tirer cette conclusion
que pour que tous les jeunes soient évangélisés
il faut s'y prendre par un autre moyen que par le moyen seulement des prêtres
car s'il fallait continuer à prendre les méthodes d'autrefois pour évangéliser tous les jeunes
et bien cela voudrait dire qu'il ne faut pas évangéliser les trois quarts des jeunes parce qu'on ne pourrait pas
alors cela amène à chercher des moyens
et le moyen eh ben c'est de revenir à la chose d'origine
c'est de comprendre que c'est la cellule familiale qui est la première des cellules éducat- d'éducation
et que euh lorsque il y a des familles
qui ne peuvent pas faire cette éducation chrétienne des enfants
et bien le mieux c'est que la famille d'à côté accepte de s'en occuper
et quand il y a trois quatre cinq familles
qui ne s'en occupent pas suffisamment on essaye de trouver un une famille qui veut bien prendre en charge le coin
c'est une affaire de stratégie
je crois que le saint esprit parle n'est-ce pas
par tous les éléments qu'il peut y avoir dans le monde et en particulier par l'intelligence humaine
hm hm
qui fait qui fait trouver des moyens
et qui fait revenir comme vous le disiez
à à l'origine
c'est la cellule de base qui est la famille et puis le groupement dans le quartier
qui fait la prise en charge des jeunes du quartier
et voyez vous dans les sacrements de confirmation autrefois
euh l'on cherchait des parrains de confirmation euh plus ou moins au dernier moment euh
pour essayer d'avoir quelqu'un qui soit là
pour que le jour de la confirmation à côté de l'enfant qui
qui est confirmé il puisse y avoir l'adulte qui mette la main sur l'épaule en signe de protection et de parrainage
on le cherchait la veille ou l'avant-veille peut-être quand on était en avance quinze jours avant
mais euh on cherchait
à ce qu'il y ait le jour de la cérémonie une personne qui soit là visiblement pour faire le geste
bon
mais cette personne après euh dès le lendemain elle s'en allait
elle ne se souvenait plus du tout qu'elle avait été choisie pour être parrain de confirmation
c'est-à-dire que le rôle de protecteur et d'éducateur de la foi du jeune était complètement oublié
hm
on cherche maintenant beaucoup plus
à prendre comme parrain de confirmation les gens du coin
même s'ils ne sont pas de la même famille
c'est tel chrétien de tel endroit
qui accepte d'être parrain de confirmation du du petit garçon du voisin
et cela ne
c'est beaucoup mieux parce que le petit garçon qui grandit
il voit vivre le monsieur qui est à côté
et pour lui c'est un parrain c'est c'est un parrain qu'il voit ce n'est pas un parrain qui s'en va
hm hm
et c'est une responsabilité aussi que l'adulte sent davantage
il se sent plus responsable de son secteur
ce ne sont pas des
ce ne sont pas des
des points de vue orléanais que je vous donne là
non
ça euh
c'est se-
ce n'est pas très commode de vous donnez des choses purement orléanaises
oui bien sûr
je vous donne un aspect n'est-ce pas de l'Eglise d'Orléans mais au milieu de l'Eglise de France
oui oui
hm hm
justement euh dans tous ces changements
une des choses qu'on qu'on teste puisque c'est le mot à la mode
euh dans tous les domaines
et quelques fois il me semble peut-être justement
euh ce sont d'anciennes conceptions de l'autorité
eh bien évidemment euh l'Eglise est une organisation
qui doit tout à son autorité
euh
est-ce que
cette conception enfin euh change beaucoup euh est-ce que
nous on est
enfin quels sont si si l'on veut euh
quel est le poids spécifique disons du traditionnel et du nouveau dans
les conceptions actuelles de l'autorité ?
hm hm
c'est-à-dire que
dans l'Eglise le principe de l'autorité il n'est pas contesté n'est-ce pas ?
c'est ou tout au moins il n'est pas contestable
hm
euh le principe de l'autorité
ce qui est contestable c'est la manière dont l'autorité est exercée
mais à partir du moment où on dirait que l'autorité est contestable par principe
euh
nous estimons qu'on ne fait plus partie de l'Eglise catholique
oui
puisque c'est s- c'est
l'ég- l'Eglise a été constituée sous une forme de hiérarchie
euh de par l'évangile au moins c'est notre conception catholique n'est-ce pas de de de l'Eglise n'est-ce pas qui a été constituée avec un chef
et s'il y avait le collège des apôtres il y a toujours eu dans l'Eglise le chef qui
à qui est revenu euh le privilège de de l'autorité
donc euh si vraiment quelqu'un disait en pleine conscience et en pleine volonté
et après avoir mûrement réfléchi et non par boutade
que il nie le principe de l'autorité dans l'Eglise
il peut toujours le nier mais alors à ce moment-là qu'il ne le nie pas au nom de l'Eglise
qu'il le nie au nom de sa position personnelle
n'est-ce pas de sa conception personnelle
donc le principe de l'autorité dans l'Eglise nous l'admettons
seulement ce qui est certainement très modifié c'est la manière d'exercer cette autorité
certainement
cela vient de très haut puisque le pape lui-même a donné l'exemple
avec toute cette collégialité et puis tout ce qu'il a dit dans le concile enfin comment il a voulu s'entourer euh
nos conciles non seulement des des évêques catholiques mais même des observateurs protestants orthodoxes
hm hm
euh il y a donc un mouvement très large si vous voulez de consultations
c'est un mouvement en même temps
de compréhension envers tout le monde
et puis il est bien dit que l'être humain étant essentiellement fait de liberté
le commander de telle manière qu'on soit sûr qu'il s'insurge
euh ce n'est certainement pas une bonne manière de le commander
alors il faut mettre beaucoup de psychologie
et il est certain que lorsqu'une décision lorsqu'une euh
une décision a été davantage euh
euh
partagée si vous voulez lorsqu'elle a été préparée il est certain que plus nombreux sont les perso-
plus nombreuses sont les personnes
qui ont étudié la chose
plus évidemment on on est prêt
à accueillir
euh la décision
je crois que c'est un effort de psychologie que nous avons à faire dans l'Eglise
et que s'il y a une réforme à faire c'est dans ce domaine du respect si vous voulez des personnes qui doivent être euh
commandées
afin qu'elles soient elles-mêmes associées à la décision qui sera prise
hm hm
c'est un effort de psychologie c'est toute une pastorale nouvelle
mais euh
c'est dans le domaine de l'adaptation c'est dans le domaine de
des méthodes
hm hm
on ne concevrait plus maintenant un
un évêque qui avec sa crosse n'est-ce pas à la main dirait ce sera comme ça parce que je
je le veux
oui oui oui oui
n'est-ce pas ?
euh
notre évêque certainement est à l'opposé de cette méthode
c'est un homme de dialogue euh
mais euh il ne dira jamais le contraire de ce qu'il désire dire
hm hm
euh parce que il sait très bien que euh
la vérité vient d'en haut et que la vérité elle est dans l'évangile
et que l'adaptation de la dévi- la vérité à notre monde d'aujourd'hui
ne doit pas faire en sorte que euh la vérité puisse changer
c'est
c'est la foi qui juge le monde
et et et non pas pas le monde qui doit juger la foi
hm hm hm hm
il faut rentrer dans les conceptions de la foi plutôt que la foi rentrer dans les conceptions du monde
enfin voilà la
la position de l'Eglise
oui oui
mais il est certain que nous avons un effort considérable à faire
pour euh
pour faire en sorte que
l'exercice de l'autorité
soit
soit modifié que la manière
d'exercer l'autorité soit soit modifiée
hm hm
hm
mais alors il ne faut pas tomber dans l'excès opposé
qui sous prétexte
que autrefois il y a eu n'est-ce pas une autorité trop
pour qu'on ne puisse pas faire le tour de la civilisation française sans
oui sans sans avoir
sans sans avoir
des des vues catholiques
oui d'accord
n'est-ce pas ?
euh John vous avez peut-être des
des
euh oui
euh
enfin je regrette de rompre la continuité de ce qui a précédé
c'était fatal
enfin nous avons parlé surtout des problèmes et dans un certain sens du côté négatif de l'époque actuelle
si nous regardions les choses d'une façon plus positive
l'Eglise au Moyen-Age nous a laissé ce ce fantastique réseau de cathédrales
est-ce que vous voyez un héritage possible laissé par l'Eglise de notre époque ?
un héritage comparable aux cathédrales
qu'a laissé l'Eglise au Moyen-Age
oui
oui vous voulez dire à cela que
euh il y avait n'est-ce pas au Moyen-Age une vie chrétienne intense
bon cette vie chrétienne intense nous ne la voyons plus
parce que les hommes sont morts
mais nous voyons leur oeuvre
n'est-ce pas et nous disons euh une population qui a été capable de construire ces chefs-d'oeuvre
avec tout ce que cela représente euh
d'énergie de dépense de de force de bras
euh de collaboration de tout le monde c'est la manifestation d'un idéal euh extraordinaire
et nous nous ne voyons plus que cela
et nous en tirons la conclusion
ils étaient donc profondément chrétiens
alors euh nous
la question que vous me posez est celle-ci est-ce qu'il restera dans l'avenir
des signes euh tangibles matériels de notre christianisme d'aujourd'hui
peut-être pas même tangibles
pas forcément matériels
parce que c'est extrêmement difficile
de
c'est extrêmement difficile de
de définir ce qu'est ce que peut avoir de tangible u- une vie chrétienne
nous disons n'est-ce pas euh au Moyen-Age la cathédrale
le fait d'avoir construit des cathédrales c'est un signe tangible
d'une foi de de tout un peuple
alors euh cette foi elle s'est manifestée par les cathédrales mais elle se manifestait aussi par le
toutes les oeuvres de charité multiples
qu'il pouvait y avoir puisque le service euh
le service social le service charitable était euh était exécuté si vous voulez
par des ordres religieux
à l'abri de l'Eglise
euh vous aviez euh tout le service scolaire de l'enseignement qui se faisait aussi à l'abri de l'Eglise
et nous disions il y avait une euh
une chrétienté
profonde
bien
bien consciente de sa foi
parce que la preuve en est que il y avait toutes ces oeuvres extérieures
d'éducation
de service social
et puis d'aide aux malheureux
et enfin de de lieux de cultes
alors si on veut raisonner n'est-ce pas de la même manière en ce moment
euh nous sommes très mal placés parce que il y a eu une évolution considérable
euh qui a fait que les services que l'Eglise avait pris en main au Moyen-Age
sont des services qui sont pris maintenant en main par l'ensemble de l'Etat
le service scolaire le service charitable
le service social
toutes les oeuvres qui peuvent qui pouvaient exister
et qui ont amené si vous voulez les hommes à prendre conscience de du devoir de solidarité entre eux
tout cela est coordonné maintenant par l'Etat
beaucoup d'entreprises privées encore beaucoup d'oeuvres privées encore assurent
ce service des hommes
grâce à l'aide de l'Etat c'est un véritable service national
mais on ne peut pas dire
que des monuments
ne devant plus rester comme étant des monuments d'Eglise
comme ceux du Moyen-Age
la présence d'Eglises n'existent plus
la présence d'Eglises au Moyen-Age se manifestait par des bâtiments
la présence d'Eglises en ce moment se manifeste par la présence des chrétiens partout
dans les services qui existent
et qui sont des services euh
plus ou moins rattachés à la notion de l'Etat de la cité de la ville
mais où travaillent les chrétiens
en en tant que citoyens
et avec une âme de chrétien
ils y travaillent en tant que citoyen et sur les registres de euh du personnel
ou sur les registres d'état civil ils figurent sous leur nom
de citoyen
mais euh l'esprit qu'ils y mettent
euh l'ardeur dans le service la la conviction du du devoir rempli
le désir de d'être aimable et charitable dans le
le travail que l'on accomplit en même temps pour gagner sa vie et faire vivre sa famille
tout cela c'est du christianisme profondément vécu
mais c'est un christianisme qui ne se marquera dans aucune construction
euh dans l'avenir
on l'aura pas l'idée dans l'avenir lorsque l'on verra d'immenses hôpitaux
d'immenses saunas
euh de dire c'est un c'est un signe de l'Eglise
on dira c'est un signe d'une période
pendant laquelle on s'est soucié de la santé des citoyens
pendant laquelle il y a eu une solidarité
quand on verra euh plus tard un immense édifice et qu'on dira c'est le l'édifice de la sécurité sociale
on aura pas l'idée de dire c'est un édifice d'Eglise
mais en fait euh les citoyens qui ont vécu là
quand ils sont chrétiens ils ont une euh
une certitude de remplir une mission d'Eglise à l'intérieur de ce service social
même s'ils ne font toute la journée que des cartes perforées
parce que en définitive cela aboutit toujours à un service de de l'homme un s-
alors c'est difficile de répondre à votre question
euh
est-ce que les bâtiments de l'avenir
témoigneront de la vitalité de l'Eglise ?
je crois que les bâtiments de l'avenir témoigneront
de l'esprit de charité de solidarité d'une période
et que c'est un des aspects et là un des aspects primordiaux
de l'Eglise
que de permettre à des citoyens
de développer en eux l'esprit de solidarité et de charité
parce que justement ils considèrent les hommes
non pas comme des numéros qui travaillent dans une usine
non pas comme des automates
mais vraiment comme des frères
et une civilisation qui met sur pied
un un véritable service social éducatif
comme notre monde d'aujourd'hui
euh ne peut pas le faire sans une conception chrétienne de l'homme
et pourtant
beaucoup d'initiatives dans ce domaine-là viennent non seulement
ne- non seulement ne viennent pas de l'Eglise
mais viennent de milieux qui du point de vue idéologique souvent
sont assez éloignés de l'Eglise
oui
n'est-ce pas ?
oui
mais je crois
euh je sais pas et je crois
je suis même persuadé
qu'il ne faut pas s'en tenir
si vous voulez à des étiquettes
milieu éloigné de l'Eglise ou milieu non éloigné de l'Eglise
il faut se dire n'est-ce pas qu'on est dans
dans un monde
qui a été forgé par vingt siècles de christianisme
et que les les gens qui vous disent
qu'ils ne sont pas de l'Eglise
parce qu'ils sont ou marxistes
ou athées
ils ne peuvent pas ne pas nous dire qu'ils ont leur grand-père leur arrière-grand-père
qui a eu son grand-père et son arrière-grand-père
et depuis des siècles et des siècles et des siècles marqués par l'idée de charité
et de marqués par l'idée de dévouement
et marqués par l'idée de sacrifice
et que tout cela
c'est dans l'évangile
et que même quand on ne veut plus faire le rattachement
avec euh la religion ou avec la foi
et qu'on est persuadé
que c'est la gloire de la nature humaine
que de pouvoir revendiquer l'origine
de ces idées de charité et de solidarité
il n'empêche que
inévitablement parce qu'on est bâti comme on est bâti parce qu'on a une hérité- une hérédité
on porte en soi le sens du christianisme
hm
on porte en soi cela
que diriez-vous à ce point de vue
euh de quelqu'un disons dont
la tradition aurait été
juive et non pas chrétienne
ou musulmane ?
musulmane moins parce que c'est ça c'est c'est c'est c'est moins ancien mais euh
mais ne croyez-vous pas que dans la religion musulmane
on retrouve
dans toutes les idées de dévouement de sacrifice de
on retrouve tout s- tout l'essentiel de l'évangile
oh je serais
moi je oui je crois que je serais d'accord avec vous
mais à ce moment-là euh
que dans l'évangile on retrouve
beaucoup de choses
oui oui oui
de la religion juive
certainement
pour ne pas dire tout m'enfin revu à la manière du Christ
si bien que en définitive
euh on
on se sépare euh avec des étiquettes
mais dans ce que l'on est dans notre nature
mais où je voudrais en venir si vous voulez euh
si tout cela est vrai si dans la religion juive
si tout en dans dans toutes les religions et
mais est-ce qu'on ne pourrait pas dire
dans dans toutes les grandes philosophies ?
dans la mesure où ces philosophies traitent de l'homme
hm hm
on retrouve euh
constamment les mêmes thèmes
hm
est-ce qu'à ce moment-là même les marxistes
qui puisent dans une tradition euh
de l'unité humaine n'est-ce pas à leur façon
est-ce que même eux
ils
ils ne pourraient pas trouver une certaine justification dans
dans cette tradition
sur laquelle ils
ben dans la mesure où dans le marxisme nous nous arrêtons à toutes les idées nobles qui sont le service de l'homme et la volonté de paix et
et la volonté de solidarité je crois que
on aurait bien tort de vouloir se séparer
oui
c'est ce ce ce qui ce qui fait
c'est-à-dire que vous croyez que même avec les marxistes un dialogue est possible
y a toujours le dialogue possible jusqu'au jour n'est-ce pas
où où on va en arriver à la pro- la philosophie profonde du marxisme
qui elle ne peut plus du tout euh s'allier avec la foi
étant donné qu'à la base du marxisme il y a une négation profonde de toute foi
oui
mais qui
n'est pas
c'est ce-
le fait du seul marxisme d'ailleurs
qui n'est pas le fait du seul marxisme c'est un matérialisme de base
n'est-ce pas ?
mais euh
on ne voit pas très bien
comment en dehors
si vous voulez de cet aspect qui peut nous relier
et qui est dans dans l'action dans la solidarité
on ne voit pas très bien comment nous pourrions franchir le pas qui consisterait à dire nous sommes d'accord sur la civilisation de base
quand on sait n'est-ce pas comment pour le la philosophie marxiste
la religion est à
est est le premier obstacle si vous voulez à à tout développement humain
parce que c'est le renoncement à ce qu'il y a de plus digne
dans dans la vocation humaine
et dans l'aliénation de l'homme pour reporter sur un être imaginaire
tout le dynamisme qu'il y a dans l'homme
hm
au fond c'est ça le m- le marxisme vis-à-vis de la religion
s- c'est c'est l'aliénation c'est dire au fond
tout ce qu'il y a de noble chez nous comme aspiration vous le faites venir de Dieu
et a- alors qu'en fait ça nous est propre
hm hm
et
et alors comme les les apparences de religion
euh disons bien souvent de religiosité
ou de superstition prêtent flanc à la critique du marxiste
parce que il est réel
que l'on attend tout bonnement qu'il nous tombe du ciel
ce que l'on pourrait simplement conquérir par nos forces humaines
alors le marxisme a très beau jeu de dire le sens de la prière
euh chez vous c'est simplement euh une des marques de l'aliénation
vous attendez que vienne d'un autre
hm hm
ce que vous pourriez obtenir vous-même
alors évidemment considéré sous ce jour-là euh que voulez-vous le marxisme a beau jeu
c'est très facile
oui mais enfin je ne crois pas que
c'est trop facile
pour pour pour un
un catholique
pour un catholique convaincu
le marxisme n'aura pas de prise attention
non non mais je crois pas
mais je crois qu'il a d- énormément de prises
parce que euh nous avons énormément de défauts
oui
je je crois que c'est il faut bien le reconnaître
moi ce que j'allais dire c'est que pour un catholique euh
enfin
profondément catholique
je ne suppose pas que la prière consiste non plus à demander quelque chose
voilà
en attendant en attendant que ça vienne
que ça vienne n'est-ce pas ?
voilà pourquoi je vous dis pour un catholique convaincu le marxisme n'a certainement pas de prise
mais a- il a une force considérable
parce que euh nous avons beaucoup de défauts
oui
je disais n'est-ce pas il y a beaucoup de d'occasions de critiquer l'attitude l'attitude chrétienne
on ne peut pas aujourd'hui parler de cela n'est-ce pas c'est trop long
oui
mais euh
cela est très est très vrai
mais enfin le la question du dialogue euh ne peut pas il me semble ne pas être importante dans un pays comme la France
qui compte
un si grand nombre de
marxistes et puis de chrétiens
gens qui sont anticléricaux
qu'ils soient marxistes
ou
hm
ou autre
dans quelle mesure d'après vous est-ce que l'Eglise pour créer une certaine responsabilité pour cette euh division qui s'est opérée je crois euh
depuis cent ans cent cinquante ans
surtout euh
au dix-neuvième siècle
oh oui
n'est-ce pas ?
cent ans
oh le problème c'est le problème du monde entier hein
l'Eglise a paru
et a été
très liée à la classe possédante
oui
alors en partant de là
vous vous en tirez toutes les conclusions que que que vous voulez
hm hm
le marxisme en a tiré la première conséquence
euh puisqu'ils sont ensemble ce sont les mêmes qui sont en même temps les les les chrétiens et les possédants
cela veut dire que la force des chrétiens c'est la richesse
et cela veut dire que la richesse pour se développer a besoin de la religion
la religion a besoin de la puissance
et la puissance a besoin de la religion
alors la religion a besoin de la puissance
pour euh s'imposer et se répandre
et puis la puissance a besoin de la religion
pour travailler les esprits
de façon à faire admettre docilement
que l'on a besoin sur terre d'être exploité pour mériter le paradis
et
quand un
celui qui a la puissance
a la chance d'avoir sous ses ordres
des ho- des gens qui sont heureux d'être exploités
parce qu'ils vivent dans l'espérance du paradis
eh bien il a pas de gêne
il peut continuer à développer n'est-ce pas son entreprise
il ne sera gêné par personne
car plus ils seront exploités plus ils seront heureux
puisque plus ils seront exploités et plus le paradis sera beau
hm
bien heureux êtes-vous
vous qui souffrez
parce que plus tard n'est-ce pas vous aurez un monde merveilleux
alors vous savez moi je peux faire des sermons là-dessus
hm
et puis et puis
puis montrer que l'évangile est est une abomination
n'est-ce pas au au service de la classe possédante
pris comme ça
hm hm hm hm
or c'est cela c'est l'argument de base a été celui-là
alors puisque pourquoi est-ce que cet argument a pris ?
ben il a pris parce que en fait les gens n'avaient qu'à ouvrir les yeux pour s'apercevoir que ceux qui fréquentaient l'Eglise c'était en même temps
la grande majorité de ceux qui euh possédaient euh
la richesse
alors quand on dit aux gens
vous vous n'avez pas à faire un long raisonnement
vous n'avez qu'à ouvrir les yeux regardez
puis vous comprendrez tout de suite
alors euh
il est facile évidemment de jeter la pierre à ceux qui ont vécu y a cent ans quoi
cent cinquante ans
euh la manière dont ils exerçaient leur service de de charité
on l'appelle le paternalisme
hm
enfin vous connaissez mieux que moi
vous êtes professeur de philosophie en plus n'est-ce pas ?
on appelait ça le paternalisme
ça n'a rien à voir avec le respect de la dignité humaine
c'était le moment
c'était c'était la période c'était la manière de faire la manière de penser à ce moment-là
hm hm
les choses ont complètement changé maintenant
complètement changé maintenant
est-ce que tout est-ce que tout le monde euh
dans en France au sein de l'Eglise est
euh unanime sur la question de la séparation de l'Eglise et de l'Etat ?
ou bien
en France ?
oui
oh en France c'est la quasi unanimité
oui
de de quel point de vue enfin de quel côté ?
bah pou- pour dire que c'est un
ce ça donne ben satisfaction à tout le monde
oui
euh je vous dirais que
on peut envisager la chose sous bien des jours hein
on peut
on peut dire euh lorsqu'il y a eu la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat
euh les catholiques ont été profondément opposés
et il y a eu à ce moment-là la spoliation de tout ce que possédait l'Eglise
les églises
les presbytères
les biens des ordres religieux
vous savez je me demande bien quelle est à l'heure actuelle la paroisse qui voudrait avoir sur les bras
la charge de l'entretien de son église
c'est c'est un bien fait que d'avoir une église qui est la propriété de la commune
parce que c'est la commune qui l'entretient
hm
c'est la commune qui fait tous les travaux
et la commune la met à la disposition de l'Eglise catholique
que voulez-vous de mieux ?
nous n'avons pas de loyer à payer et nous n'avons pas de réparations de toiture à faire
et euh je parle je commence là par l'aspect très matériel des choses parce que c'est celui qui est le plus sensible
et comme je suis ici secrétaire général de l'évêché chargé des biens du temporel
du diocèse
c'est-à-dire des églises des presbytères et des constructions des églises neuves
je vous dirais que maintenant que nous sommes obligés de construire des églises neuves
hm
nous n'aurions qu'un souhait
c'est que l'Eglise nous prenne celles que nous avons construites depuis dix-neuf cent cinq
car nous avons été spoliés en dix-neuf cent cinq
mais depuis dix-neuf cent cinq nous avons construit des églises
et surtout depuis dix-neuf cent quarante-cinq
et toutes les églises que nous construisons elles sont notre propriété et nous devons les entretenir
hm
tandis que toutes celles qui ont été construites par les siècles précédents
même quand elles ne sont pas des églises très belles
même quand elles ne sont pas prises en charge par les beaux-arts
elles sont toujours la propriété des communes
donc nous n'avons pas d'entretien à faire
hm hm
et qu'il est infiniment plus agréable de vivre chez les autres
que de vivre chez soi
parce que
lorsqu'on vit sous le toit des autres ce sont les autres qui font les réparations
alors la conséquence la plus grave de la loi de s- de de spoliation
ça serait si l'égli- si la commune nous disait
nous mettons les églises à la disposition des bals des théâtres ou des sportifs
hm hm
mais puisqu'ils nous disent les églises restent à votre disposition nous sommes dedans comme chez nous
personne n'est jamais venu nous faire de difficultés
donc c'est un aspect
hm hm
bon alors euh s- certainement pour entretenir les biens d'églises
l'Eglise avait autrefois avant la loi de spolas- spoliation
des des biens de rapport
elle avait des fermes des cultures elle avait des vignes elle avait des choses comme cela
mais puisque nous n'avons plus à entretenir les églises
nous n'avons pas besoin de chercher des ressources pour faire les frais
alors on nous a pris ce qui dépendait n'est-ce pas des églises
mon Dieu euh on a pris en même temps les charges
alors ça s'équivaut
et ça nous donne moins de soucis
mais euh
là où il y a un autre aspect matériel plus difficile
c'est que
euh avant la loi de spoliation euh l'Etat payait les prêtres
les prêtres étaient des fonda- des des fonctionnaires depuis le concordat
alors euh
du jour au lendemain
les prêtres euh n'ont plus rien eu
alors cela a produit sur le moment même un mouvement d'indignation
parce que on a considéré que l'Etat
euh rejetait le rôle du prêtre dans la société
en disant euh l'Eglise au fond ne sert à rien dans la société
or si l'Eglise n'a pas pour but de servir à quelque chose dans la société
nous disons quand même que c'est toujours un bien pour une société
dans son organisation matérielle
que d'avoir la présence de citoyens qui ont la foi
et que c'est un bien certainement pour l'ensemble d'une nation
que d'avoir chez les chez les citoyens
le sens du dévouement du service de la charité
qui est inévitablement lié avec la véritable foi
mais ce domaine-là mis à part
qui est une une conception
qui peut être différente chez les citoyens
euh ce domaine-là mis à part
il est certain que nous nous sommes trouvés devant des difficultés énormes
hm
car du jour au lendemain
il a fallu faire vivre l'ensemble du clergé
qui jusque-là vivait de par les traitements de l'Etat
cela a eu deux conséquences euh me semble-t-il
d'abord sur le clergé lui-même
apparemment nous avons peut-être pensé que c'était une conséquence désastreuse
parce que le nombre des prêtres a diminué
mais tout compte fait
on s'est aperçu que
les prêtres qui rentraient dans le sacerdoce
parce que c'était une situation assurée et tranquille
car l'Etat assurait le traitement
régulièrement
jusqu'à la fin de la vie
et que ceux qui rentraient dans l'Eglise dans le sacerdoce avec cet arrière-plan
que c'était quelqu'un
dont l'avenir était assuré
et cette idée n'était pas étrangère à beaucoup de familles qui devaient placer leurs enfants
c'était toujours un très gros avantage que d'en avoir un qui pouvait rentrer dans le sacerdoce
car ç'en était toujours un qui était assuré d'avoir son gain jusqu'à la fin de sa vie
s'il y a eu n'est-ce pas évidemment un recul dans le nombre des vocations
il y a eu certainement un enrichissement dans la nature
hm
des vocations
car le fait de devenir prêtre
en sachant très bien que il y a tout le risque
qui dirons qui consiste à être à la merci des autres
et euh à
à la à la charité vis-à-vis des autres
euh cette vocation est évidemment plus réfléchie
hm hm
et puis alors il y a eu un autre aspect
ça ce cet aspect-là je dirais c'est vis-à-vis de la
vis-à-vis de du clergé
puis alors il y a eu un autre aspect vis-à-vis des fidèles
c'est que l'Eglise a dit aux fidèles mais que voulez-vous nous ne pouvons plus vivre maintenant avec le traitement de l'Etat
si vous voulez avoir des prêtres gênez-vous un peu et faites les vivre
et il y a eu si vous voulez un mouvement de solidarité plus fort entre les chrétiens
pour pouvoir prendre en charge la vie de leurs prêtres
hm hm
donc je trouve que ce sont deux avantages voyez-vous très nets
hm
et alors pour en revenir n'est-ce pas à votre question
est-ce que
vous êtes euh
vous êtes désireux de revenir à un régime concordataire ou pas ?
je dirais qu'en ce moment
l'Eglise ne désire pas changer sa position
hm hm hm hm
euh je vous ai parlé du côté matériel
je vous parle du côté spirituel
l'Eglise aime beaucoup la liberté
et le fait d'être en concordat
euh lie certainement davantage
euh l'Eglise et le pouvoir
hm hm
en soi
dans l'abstrait
il ne devrait pas y avoir de difficultés
parce que euh l'Eglise est tout à fait
pour une organisation de la nation elle n'est pas du tout pour l'anarchie
l'Eglise dira toujours il est normal qu'une nation soit organisée
et l'Eglise euh raisonnablement devrait dire
que euh des prêtres dans une nation rendent un service au moins aussi évident qu'un cantonnier
n'est-ce pas ?
or le cantonnier il a sa vie assurée
parce que il euh nettoie les caniveaux
un prêtre a une influence sur l'éducation générale des jeunes
autrement plus in- plus importante que le travail d'un cantonnier
et il serait donc normal normal en soi que que le prêtre reçoive
un traitement de de la nation
en soi il est normal que le prêtre euh euh
puisse recevoir ce traitement sans être lié au gouvernement de telle ou telle période dans la vie de la nation
hm
le traitement il devrait venir du service qui est accompli
et non pas de l'obéissance à tel pouvoir donné dans telle période
en soi
mais ça c'est de la théorie
et comme ce qui vient de la nation
vient toujours par l'intermédiaire de l'Etat
car la nation n'a de pouvoir exécutif
que par l'Etat qui la gère
recevoir un traitement de la nation
implique automatiquement
une certaine subordination
à l'Etat qui régit la nation
et
l'Eglise euh qui aime beaucoup la liberté
ne voudrait pas
que le fait de recevoir de la nation
euh des subventions ou des traitements
oblige à dire oui à tout ce que commande l'Etat
hm
vous voyez tout ce que cela peut avoir euh d'im- d'imbrication politique et Eglise Eglise et pouvoir civil
et comme euh le pouvoir civil l'Etat c'est le pendule
euh si l'Eglise est app- apparaît comme liée
avec le men- le mouvement du pendule lorsqu'il est à gauche
le jour où le pendule ira à droite
il faudra que l'Eglise suive le pendule à droite
hm
alors l'Eglise désire être indépendante du pendule
et si recevoir les subventions de la nation
l'oblige à suivre le pendule de l'Etat
elle aime mieux n'avoir pas les subsides de la nation
plutôt que de se sentir liée
à la politique du du moment
hm hm
je ne présente pas
nécessairement l'opinion de l'Eglise française
non non mais
je vous dis
n'est-ce pas euh
je vous donne euh certainement l'opinion de l'ensemble des prêtres de France et de beaucoup d'évêques
oui oui
et je crois je crois oui
un très grand nombre d'évêques
est-ce que tu n'avais pas des
j'aurais simplement
questions à poser
une autre question à vous
hm
où il faut sauter évidemment
oui
mais tout à l'heure vous avez parlé
des origines
des services scolaires
et vous avez dit
excusez-moi de vous citer
que cette charge a été repris par l'Etat
il me semble tout de même
qu'il restait une part assez importante euh
du service scolaire
qui est enfin je ne je ne sais pas comment le dire
sinon contrôlée au moins
sous l'égide de l'Eglise
hm
n'est-ce pas
or est-ce que vous accepteriez de nous parler un peu de l'enseignement libre ?
de son importance de ses rapports avec euh
l'enseignement de l'Etat
oui
par exemple euh
peut-être des rapports avec le ministère
hm
oui lorsque je vous ai parlé tout à l'heure de euh
de de cette question de reprise en main par l'Etat d'un certain nombre de services qui étaient autrefois accomplis par l'Eglise
euh je vous ai d- fait une petite incise n'est-ce pas ?
et j'ai bien dit que euh il y avait encore énormément de services privés qui rendaient
une service d'intérêt national
moyennant quoi
euh l'Etat se trouvait lié
parce que c'était un service réel de de la nation
lié à des obligations
alors la question que vous me posez
elle est évidemment très très nette
euh je dirais que je la connais plus particulièrement par coeur celle-là parce que
je je m'occupe de la direction de l'enseignement libre ici à Orléans
et que si vous me la posez comme ça c'est bien parce que vous savez ce que sans doute que je m'occupe de la question
mais euh
je l'aurais posée de toute façon
oui mais
notre notre point de vue est celui-ci
que euh l'éducation de base c'est essentiellement euh le rôle de la famille
et que euh il est normal que les familles s'entendent entre elles
pour assurer dans un esprit commun l'éducation des enfants dans la ligne même de l'éducation qui est donnée dans la famille
la formation du jeune c'est en même temps la formation d'un d'un jeune chrétien d'un jeune citoyen et puis d'un jeune en tant que jeune
n'est-ce pas ?
et euh c'est à la famille qui a reçu toutes les autres obligations qui sont les siennes d'assumer également cette formation générale du jeune
et que euh
si les familles
ne peuvent pas réussir
à assumer cette éducation de leurs jeunes
pour des raisons multiples
c'est un rôle de l'Etat
de le faire
c'est donc l'Etat
qui remplit une mission de suppléance
par rapport aux familles
lorsqu'il est évident que les familles ne peuvent pas le faire
je dis les choses très net
c'est très cru
mais c'est la doctrine de base tout le reste en découle
c'est aussi le principe qui fait que nous sommes si divisés
entre chrétiens en France sur ce domaine
ce principe il a été redit dans la déclaration euh de l'éducation chrétienne au moment du concile
l'Etat assume une mission de suppléance
par rapport aux familles
et les français disent
et dans ces français beaucoup de chrétiens
et de chrétiens convaincus les plus dynamiques
disent
les familles
assument une mission de suppléance
tant que l'Etat n'a pas réussi à assumer complètement sa mission d'éducation
pendant très longtemps l'Eglise a aidé les familles à faire cette suppléance
euh c'était le cas de la chrétienté d'autrefois
des ordres religieux
mais l'idéal
c'est que l'Etat réussisse à remplir sa mission
et le jour où l'Etat remplira sa mission
il n'y aura plus besoin de suppléance
et donc il n'y aura plus besoin d'enseignement privé
le jour où l'Etat aura rempli sa mission
il aura rempli sa mission complète
d'éducation
et d'enseignement
sa mission complète de service social
sa mission complète n'est-ce pas de colonies de vacances d'hôpitaux de soins de
euh de
de culture générale
d'éducation permanente
du berceau au cercueil
l'Etat sera là pour veiller
sur chacun de ses citoyens
et ce jour-là
nous serons arrivés dans la situation parfaite
où tout étant fait par l'Etat il n'y aura plus rien à suppléer
toutes nos divergences viennent de ça
qui fait la suppléance et qui fait de droit l'essentiel ?
pour les catholiques que nous sommes
puisque je me mets dans cette catégorie-là
nous estimons que l'essentiel c'est la mission des familles
et des familles qui en groupements en fédérations réussissent à faire en sorte que dans l'établissement
on assure la continuité de l'égl- de de l'éducation de base
dans ce cas-là
l'Etat assume une suppléance
pour les autres
les familles le font et nous devons continuer à le faire
parce que si on ne le faisait pas pour l'instant l'Etat n'est pas capable de faire tout
mais c'est nous qui faisons la suppléance et nous sommes appelés à disparaître
voilà les deux positions diamétralement opposées
alors
entre ces deux dia- deux positions diamétralement opposées
il y a la position très réaliste qui consiste à dire
que dans un Etat où la divergence d'opinions est telle
que l'on ne peut pas envisager que des établissements confessionnels puissent rallier l'opinion de tous
il est absolument indispensable qu'il y ait les deux
et non pas les deux d'une manière temporaire
mais les dieux
les deux d'une manière définitive
et qu'il est absolument indispensable
que les familles aient la liberté complète
d'organiser le service de l'enseignement selon leurs convictions profondes pour que l'enfant grandisse dans un milieu
qui est un milieu imprégné de l'esprit chrétien
car ce qui fait l'éducation chrétienne ce ne sera pas les les quelque demi-heures d'enseignement chrétien mais c'est la réaction habituelle de la vie dans un milieu
c'est comme ça qu'on est éduqué c'est pas c'est pas par de la théorie de l'abstraction
c'est pas un cours théorique
c'est une réa- réaction de vie dans un milieu comme dans un milieu familial
l'enfant qui prend les habitudes de ses parents sans s'en apercevoir
et c'est non pas par théorie mais par pratique
alors euh
nous disons cela
il y a y a ça
et puis il est nécessaire
qu'il y ait aussi un service
euh un service de l'Etat
neutre
qui répond aux aspirations de ceux qui ne veulent pas d'une ins- de d'un enseignement confessionnel
mais alors
nous considérons quand même très bien
que cette liberté ne peut pas être une liberté absolue
la liberté des familles qui veulent constituer des des établissements
d'enseignement dans la ligne de la mentalité de la famille ça ne peut pas être une liberté absolue
car nous sommes intégrés dans une nation et il y a les problèmes de la nation et c'est l'Etat qui est chargé de régler les problèmes de la nation
et nous pensons que
l'Etat a un rôle de planification un rôle d'orientation
n'est-ce pas ?
un rôle de prévision de l'avenir de son organisation
qui fait que le collège de l'enseignement privé ne peut pas être en dehors
des problèmes nationaux
car la meilleure manière de former le jeune n'est pas simplement de lui donner une formation et un enseignement euh de de sa foi
mais c'est en même temps de l'intégrer dans le problème de la nation
et on ne va pas dire quand même n'est-ce pas que l'on forme un jeune en vase clos
alors que son avenir c'est de s'intégrer profondément dans la vie d'une nation où les problèmes sont réglés à l'échelon euh de l'Etat
alors nous reconnaissons donc qu'il est indispensable que les services d'enseignement privé
soient profondément si vous voulez insérés dans un dans une éducation nationale générale
où l'Etat a un droit de contrôle un droit d'organisation
il a un droit de planification il a un droit aux centralisations quand c'est nécessaire ou de régionalisation
quand c'est nécessaire
et ça ne sert à rien de vouloir préparer des jeunes dans des collèges pour faire tel métier
si dans l'avenir y a pas de débouchés
il faut donc rentrer dans une perspective générale
et autant les parents réclament leur liberté pour pouvoir donner une éducation chrétienne
autant ils sont d'accord pour collaborer de très près avec les orientations de l'Etat
parce que les spécialistes qui sont dans l'Etat pour prévoir si vous voulez l'avenir sont vraiment des gens extrêmement compétents et très intelligents
et que ça serait vraiment ridicule de vouloir passer en dehors de tout cela
nous concevons donc la liberté si vous voulez comme tout un service d'enseignement
dirigé par des familles
mais
en même temps au service d'une nation
et ce service de la nation doit s'intégrer dans la politique générale d'un Etat
mais alors
moyennant ce service que nous apportons
dans une nation
nous disons qu'il est normal que l'Etat qui gère le budget de la nation réserve une partie de son budget à faire vivre ce service qui est un service d'intérêt national
voilà notre position de base
alors tout l- tout le reste en découle
tout le reste en découle
alors nos relations vis-à-vis de le ministère
ça consiste à dire au ministère
nous avons des établissements qui répondent à un besoin scolaire
la preuve c'est qu'ils ont des effectifs qui sont suffisants
nous avons des établissements qui sont susceptibles de répondre à vos exigences
la preuve c'est que nos professeurs ont les diplômes qui sont donnés par vous Etat
nous avons des réussites aux examens qui prouvent que les études sont solides
nous sommes dans des locaux qui sont des locaux qui sont valables où il y a l'hygiène où il y a le tout ce que vous voudrez
euh nous avons besoin pour développer ces locaux d'avoir des emprunts
euh d'avoir des garanties
d'aller voir une ville
pour demander est-ce que la ville veuille bien donner sa garantie pour permettre des emprunts à long terme
n'est-ce pas nous offrons toutes les garanties que demande l'Etat
moyennant quoi
nous demandons à l'Etat de bien vouloir payer les maîtres
et donner des subventions pour permettre le fonctionnement de l'administration d'un collège
nous sommes très loin d'avoir obtenu tout ce que nous désirons
il y a beaucoup de de points qui sont restés en litige je les aborde pas là
mais l'essentiel pour vous c'est de connaître notre philosophie de base
hm
en effet je vous remercie de l'avoir exposée
d'une façon si inattendue
et si euh saisissante
voilà la philosophie de base
qui est d'ailleurs la partie la plus intéressante
que voulez-vous on assure un service
qui est un service réel
l'Etat n'est pas chargé de dire
je veux que les jeunes soient formés comme ça
l'Etat dit j'ai des citoyens qui sont intelligents et libres
si ces tou- citoyens qui sont intelligents et libres veulent former leurs jeunes de telle ou telle manière
moi je ne leur demande simplement une chose
c'est que toutes les garanties soient prises pour que ce qui est fait soit bon
s'il se produit qu'une alliance de la foi
et de l'intelligence
donne de bons résultats
et que l'Etat s'aperçoive que ce sont des citoyens qui sont valables
y a pas de raisons que l'Etat dise sous prétexte que l'on a mêlé l'intelligence et la foi
euh je ne veux plus de ce qui en sort
ah non
mais
vous abordez des sujets le plus dur qui soit dans l'Eglise de France
le plus dur car si les chrétiens sont divisés en ce moment dans l'Eglise de France
c'est parce qu'ils ne sont pas d'accord sur ce rôle des institutions
hm
en particulier sur ce rôle scolaire
mais aussi beaucoup
sur le rôle des cliniques des hôpitaux
des oeuvres d'enfants inadaptés
euh des
dès lors qu'on voit
n'est-ce pas un un institut quelconque
se monter dans l'Eglise de France
ayant pour but
le monde scolaire
la charité
immédiatement
vous avez beaucoup de chrétiens dont le poil se hérisse
et ils disent c'est une abomination
car au lieu d'être dans la ligne de la disparition de la chrétienté du Moyen-Age pour une insertion dans l'Etat de demain
nous essayons toujours de vouloir reconstituer notre chrétienté du Moyen-Age qui était la chrétienté du Moyen-Age mais qui ne doit plus être la chrétienté de demain
car demain
car s'il est vrai qu'au Moyen-Age
l'Eglise
était visible
il est certain que demain l'Eglise doit être invisible
et leur raisonnement
c'est moi qui schématise
mais
serait à peu près celui-ci
quand on est visible quelque part
on n'est pas visible à côté
pour être présent partout
il faudrait être visible nulle part
hm hm
oui en effet
dès lors qu'ils voient que les chrétiens
sont visibles quelque part
ils en tirent tout de suite la conclusion
que puisqu'ils sont visibles là en communauté dans une école
ou dans un hôpital
ou dans une oeuvre d'enfants handicapés n'est-ce pas
ou d'a- d'enfants anormaux
puisque les chrétiens sont là visibles et réunis dans cette communauté
cela cela veut dire qu'ils ne sont pas présents dans les établissements organisés par l'Etat
ce n'est pas vrai
ce n'est pas parce que ils sont visibles à un endroit en communauté qu'ils se désintéressent de ce que fait l'Etat dans un autre service
et il y a bien des chrétiens qui travaillent dans un autre service avec le même dévouement
où il n'y a aucune étiquette
la liberté c'est
c'est la liberté
mais
mais c'est déchirant pour le clergé de France
c'est déchirant
je ne sais pas combien de temps durera cette déchirure
et pourtant elle ne devrait pas se se réparer par l'abandon
soit d'une option soit d'une autre
et i- il faudrait qu'elle se répare avec une compréhension
que dans un monde où il y a de la liberté la liberté elle est non seulement la liberté des personnes mais la liberté des institutions
cette attitude ne correspond-elle pas à
une attitude française euh enfin c- qu'on voit dans d'autres domaines
euh qui euh tend en quelque sorte tendance vers le monolithique
euh dans euh l'organisation de l'Etat
hm hm
du moins vu avec un oeil d'anglais
c'est vrai c'est vrai
on a cette impression de d'une tendance vers la centralisation qui nous choque très souvent
nous admettons plus volontiers peut-être euh
moi je ne voudrais pas entrer dans un procès parce que vous sentez très bien que à partir du moment où je parle de ce sujet
euh je j'en parle avec le maximum de modération
mais vous sentez très bien que je j'ai une option personnelle qui est quand même très marquée
n'est-ce pas étant donné tout ce que nous faisons dans l'enseignement libre euh
je ne peux pas dire que je n'y sois pas profondément attaché
oui
seulement é- évidemment
l'option si vous voulez de mes confrères qui parlent de ce problème-là serait assez bien celle-ci
il est inévitable
ou souhaitable
que demain tout soit nationalisé
hm hm
voilà l'optique fondamentale
cela est inévitable
ou cela est tellement tellement souhaitable
que l'ensemble des Français ne peut pas le désirer et le réaliser
que tout soit nationalisé
puisque l'Eglise doit être présente au monde d'aujourd'hui et au monde de demain
et puisque le monde c'est la nationalisation en en voie de réalisation
il est donc nécessaire que dès aujourd'hui
l'Eglise s'adapte à ce monde et y rentre de plein coeur
et au lieu de maintenir des institutions d'éducation de service de soin ou social de toute sorte
qu'elle supprime tout cela et que les chrétiens soient libérés de tout cela et qu'ils soient présents dans les institutions qui demain seront les seules
hm hm hm hm
l'Eglise n'a pas à être présente au monde d'hier
elle a à être présente au monde d'aujourd'hui qui prépare celui de demain
donc qu'aujourd'hui elle prenne d'elle-même avec beaucoup de coeur et de spontanéité
l'orientation qui demain lui sera imposée
et puisque l'Eglise d'aujourd'hui reconnaît que le plus grand des bienfaits du début du siècle a été la spoliation
hm hm
et la loi de séparation
et que de la loi de séparation elle a trouvé une vigueur nouvelle
qu'elle continue à faire d'elle-même
ce que l'Etat a voulu faire au début du siècle
et qu'elle abandonne d'elle-même qu'elle se débarrasse d'elle-même de tout ce qu'elle a
afin d'être présente dans les institutions des hommes
et quand n'est-ce pas cet argument s'appuie sur l'esprit du concile
en disant c'est l'esprit du concile que d'être présent dans les oeuvres des hommes
alors
nos confrères nous disent nous ne voyons pas pourquoi vous voulez vous obstiner à continuer à maintenir des structures qui sont faites pour des chrétiens
donc vous n'avez pas moins de débat que dans tous les autres domaines euh
de la vie nationale et locale et familiale
je dirais même
je dirais même que oh non parce que c'est fini votre
je dirais même
que
les évènements de mai que nous avons passés
euh nous donnent raison
hm
car
il n'y a jamais eu
un tel tollé contre la centralisation administrative de l'Etat français
pour que nous revenions à des structures plus régionales plus locales et plus autonomes
hm hm hm
nous n'avons jamais eu à la chambre des députés
autant de discours
pour expliquer qu'il fallait quitter la centralisation